Pourquoi les enfants et adolescents ont aussi besoin de renforcement musculaire

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Lors d’une course de 20 kilomètres pour les jeunes, à Maroilles (Nord), le 1er mai 2024.

Il est connu que l’on perd de la masse musculaire avec l’âge. Elle diminue de 3 % à 8 % par décennie, à partir de 30 ans, et de 15 % environ après 50 ans. Cette perte, nommée « sarcopénie », est associée à une moins bonne capacité du système nerveux central à mobiliser la masse musculaire. Tout cela entraîne une baisse de force musculaire que l’on appelle « dynapénie », pouvant entraîner des limitations fonctionnelles, en dehors de toute maladie neurologique ou musculaire. Plus méconnu, les enfants aussi peuvent être concernés. Il s’agit de dynapénie pédiatrique.

« La force musculaire des quadriceps des 10-16 ans a baissé de 25 % depuis 1990 », selon Sébastien Ratel, chercheur et professeur à l’université Clermont-Auvergne. Pour établir cet étonnant constat, il s’appuie sur des données de plusieurs études, évoquées dans un article, publié en février, dans l’European Journal of Applied Physiology.

Lui-même l’a constaté sur le terrain : « Je mesure régulièrement la force musculaire des jeunes dans mon laboratoire, au niveau des quadriceps, et, ces dernières années, je constate une baisse d’environ 20 %… », explique le chercheur. « Cette génération semble être tout aussi vulnérable que les adultes plus âgés aux conséquences inévitables du déclin musculaire et du dysfonctionnement neuromusculaire », selon l’étude.

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Les conséquences sur la santé sont délétères. « L’état des muscles est un déterminant majeur de l’état de santé des individus », rappelle l’Institut de myologie de Paris, qui veut faire du muscle un « enjeu de santé publique majeur ». Une étude de 2019 (Henriksson et al.), menée auprès de 1,2 million de participants a, elle, montré qu’une faiblesse musculaire de la préhension de la main et de l’extension du genou pendant l’adolescence était associée à des handicaps observés trente ans plus tard.

La sédentarité gagne du terrain

Mais, bonne nouvelle, cette tendance peut être inversée, comme le souligne l’étude coordonnée par Sébastien Ratel et par le professeur brésilien Ronei Pinto. Un programme de renforcement musculaire a été mené sur une douzaine d’enfants brésiliens de 13 ans de moyenne d’âge, qui possèdent des risques de dynapénie pédiatrique. A raison de deux séances par semaine pendant trois mois, l’entraînement a permis d’augmenter leur niveau de force de 16 %, et donc de lutter contre ce phénomène.

Le chercheur américain Avery Faigenbaum a lui aussi alerté, en 2022, sur le peu d’activités de ce type pratiquées par les jeunes. « L’idéal est d’associer travail aérobie et renforcement musculaire, comme le bike and run [à deux, l’un fait du vélo, l’autre court, et on inverse les rôles tous les kilomètres] ou de proposer des courses d’orientation dans les milieux naturels. Et, pour le renforcement musculaire, explique Sébastien Ratel, il ne s’agit pas d’aller dans une salle de musculation, mais de mixer des pompes, des squats, des tractions et des exercices avec des élastiques, des haltères, etc. »

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