Pourquoi la flotte russe de la mer Noire est-elle devenue si vulnérable ?

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Le patrouilleur russe « Sergueï-Kotov » endommagé par un drone naval au large de la Crimée. Capture d’écran fournie par le ministère de la défense ukrainien.

Trois navires de débarquement touchés en trois jours à la fin de mars, un tiers de la flotte russe de la mer Noire mise hors service ou endommagée, son navire amiral coulé, son quartier général bombardé, ses cales sèches détériorées… Rares sont ceux qui, au début de la guerre, auraient osé parier sur les chances d’une armée ukrainienne quasi dépourvue de moyens navals face à une armada qui faisait la fierté de Moscou. En deux ans, elle est pourtant parvenue à la rendre « fonctionnellement inactive », selon les termes employés, dimanche 24 mars, par le secrétaire à la défense britannique, Grant Shapps.

Au total, vingt-six bâtiments russes et un sous-marin ont été touchés depuis le début des hostilités à grande échelle, ce qui représente un tiers de la flotte russe de la mer Noire, selon l’état-major ukrainien, qui ne tient pas compte des navires auxiliaires, ni des patrouilleurs à faible tirant d’eau. Le dernier épisode en date s’est déroulé mardi 26 mars, avec le bombardement du Kostiantyn-Olchansky à l’aide d’un missile Neptune, annoncé par Dmytro Pletentchouk, porte-parole de la marine ukrainienne. Deux jours plus tôt, le Iamal et l’Azov, deux autres « grands navires de débarquement », selon la nomenclature russe, avaient été touchés à Sébastopol, port d’attache de la flotte russe de la mer Noire.

Les trois appartiennent à la classe Ropucha, des bâtiments de 112 mètres d’une importance logistique majeure, qui peuvent transporter dix véhicules blindés et 230 hommes. Deux autres – le Tsezar-Kounikov et le Novotcherkassk – avaient déjà été coulés, le 14 février dernier et le 26 décembre 2023. L’Olenogorski-Gorniak et le Minsk ont par ailleurs été endommagés le 4 août et 13 septembre 2023. Sur les seize qui étaient en service avant la guerre, sept ont donc été envoyés par le fond ou mis hors d’état de naviguer, du moins provisoirement.

En avril 2022, l’armée ukrainienne avait déjà infligé à la flotte de la mer Noire sa plus lourde perte depuis la seconde guerre mondiale en coulant le croiseur Moskva, son navire amiral, à l’aide de deux missiles Neptune.

Humiliations

A cette humiliation majeure s’est ajoutée celle du bombardement de son quartier général de Sébastopol, où deux missiles de croisière se sont abattus le 22 septembre 2023, en pleine réunion de l’état-major, ce qui, selon Kiev, a coûté la vie à son commandant, l’amiral Viktor Sokolov. L’armée russe a démenti l’information, mais le vice-amiral Sergueï Pintchouk a pris la rélève début avril. Dix jours plus tôt, toujours à Sébastopol, des tirs de missiles avaient endommagé deux cales sèches, où le Minsk et le sous-marin Rostov-sur-le-Don étaient en réparation, privant la marine russe à la fois de deux de ses bâtiments et d’une installation essentielle à leur maintenance, qui n’a pas d’équivalent en mer Noire.

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