« Plus vous avez accès à l’information, plus vous savez, plus vous êtes libre »

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Jimmy Lai lors d’une interview dans les bureaux de Next Digital à Hongkong, le 16 juin 2020.

Le fervent catholique a pu sortir de son box d’accusé pour s’approcher de la Bible à la barre. Jimmy Lai, presque 77 ans, a tendu la main sur le livre saint qu’il étudie tant depuis le début de sa détention il y a quatre ans, s’engageant à dire la vérité. Le magnat des médias de Hongkong, grand opposant au régime chinois, a enfin pu commencer à donner sa version des faits à la reprise, mercredi 20 novembre, d’un procès commencé en décembre 2023 pour collusion avec des forces étrangères et publication d’articles séditieux à l’issue duquel il risque la prison à perpétuité. Mercredi, un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a qualifié M. Lai d’« agent et pion des forces antichinoises ».

En pull vert sous une veste grise, il a assuré n’avoir jamais poussé de gouvernements étrangers à agir au-delà de l’affirmation de leur soutien aux libertés de la ville et avoir toujours refusé que ses publications ou journalistes soutiennent l’indépendance de Hongkong, une idée « irréaliste, trop folle ». Mais il n’a rien renié de ses opinions, bien au contraire, affirmant que les valeurs fondamentales de son ex-journal phare, Apple Daily, étaient celles de Hongkong. « Plus vous avez accès à l’information, plus vous savez, plus vous êtes libre », a dit de sa voix posée l’ex-patron de presse. La veille, dans la même salle d’audience, 45 ex-responsables de partis et citoyens engagés ont été condamnés à des peines allant de quatre à dix ans de prison.

Appelé à préciser ces valeurs, il a listé toutes ces caractéristiques de la ville qui ont disparu avec l’imposition à l’été 2020 par Pékin d’une implacable loi de sécurité nationale. « L’Etat de droit, la quête de la démocratie, la liberté d’expression, de religion, d’assemblée », a énuméré l’homme, tournant parfois le regard vers son épouse Teresa, en robe noire, et sa fille, en blouson blanc.

Durcissement sécuritaire

L’accusation considère que Jimmy Lai a joué de son influence auprès de gouvernements étrangers, la première administration de Donald Trump (2017-2021) notamment, pour qu’ils engagent des actions hostiles à l’égard de la Chine et des autorités hongkongaises. Durant plus de six heures mercredi, l’un de ses avocats lui a donc fait détailler ses relations avec les hommes et femmes politiques américains, auxquels il a notamment rendu visite en juillet 2019, à une période où la jeunesse de Hongkong était massivement mobilisée en faveur de ses libertés. M. Lai avait été reçu par le vice-président Mike Pence à la Maison Blanche et le secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

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