« Plus on adhère aux stéréotypes masculins, plus on est enclin à prendre des risques sur la route »

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Des employés de l’autoroute A61 sur les lieux d’un accident routier, autour de Fontcouverte (Charente-Maritime), le 24 septembre 2024.

Marie-Axelle Granié, directrice de recherche en psychologie sociale du développement, à l’université Gustave-Eiffel, est directrice du laboratoire Modis (Mobilité durable, individu, société) et autrice de nombreuses publications sur les différences de perception des risques selon le genre, en matière de sécurité routière.

Pourquoi peut-on avoir un comportement agressif au volant ?

Ce n’est pas un comportement spécifique à l’automobiliste. On peut se montrer agressif également quand on est piéton ou cycliste. Cela survient quand quelque chose ou quelqu’un semble entrer dans notre zone personnelle ou dans l’espace qui nous est assigné par l’aménagement de la voirie. Plus le véhicule conduit est lourd et rapide, plus le comportement peut être dangereux pour les autres. De plus, quand nous sommes en voiture, à l’intérieur d’un objet qui nous déplace et nous appartient, l’intrus est perçu comme une menace pour notre enveloppe corporelle.

Pourquoi le comportement au volant est-il si différent selon le genre ?

Les stéréotypes sur les hommes et les femmes au volant s’ancrent très tôt dans la vie. Vers l’âge de 11 ans apparaît une croyance très ferme selon laquelle l’homme est naturellement compétent pour la conduite et qu’il peut se permettre de prendre des risques. Cela est même considéré comme une preuve de maîtrise du véhicule. Les hommes de 18 à 25 ans, en particulier, déploient ces comportements pour montrer qu’ils appartiennent au groupe des hommes.

Les études montrent également que, plus on adhère aux stéréotypes masculins, plus on est enclin à prendre des risques sur la route et à exercer une domination sur les autres usagers. Ces constats valent pour tous les âges et tous les modes de transport, voiture, deux-roues motorisé, vélo ou trottinette.

L’image de la femme au volant se construit en négatif, vers 13-14 ans. La femme serait naturellement incompétente, et sa prudence prouverait son incompétence. En France, les blagues sur « la femme au volant » demeurent fréquentes, alors que, dans tout autre domaine, ce type de discours sexiste n’est plus considéré comme acceptable. En conséquence, les femmes intériorisent la présomption d’incompétence et ont plus de difficultés à obtenir le permis de conduire. A l’inverse, les hommes qui échouent au permis le vivent très mal.

Or, les hommes représentent au moins les trois quarts des tués sur la route, dans tous les pays du monde, même ceux qui œuvrent le plus pour l’égalité entre les sexes. Ces constats valent indépendamment du kilométrage parcouru. En France, les hommes roulent en moyenne 11 000 kilomètres par an, et les femmes 10 000, mais ils constituent 83 % des présumés responsables d’accidents.

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