Cent dix-neuf personnes ont été interpellées, dont plus de cent mises en examen, depuis le 1er octobre, en lien avec le gang marseillais de narcotrafiquants DZ Mafia, à l’issue d’enquêtes qui ont prouvé la diversification du réseau, ont annoncé la police et le parquet marseillais, samedi 7 décembre.
Lors d’une conférence de presse, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone,a notamment fait état de « commanditaires communs » dans deux affaires emblématiques récentes : l’attaque visant un véhicule dans lequel aurait dû se trouver le rappeur SCH, dont l’un des proches avait été tué, le 26 août à la sortie d’une discothèque de La Grande-Motte (Hérault) et une extorsion de fonds visant le propriétaire d’une boîte de nuit, d’un restaurant et de commerces marseillais.
Il a déclaré que ces affaires marquaient « l’extension du domaine d’activité de cette organisation criminelle » au-delà du trafic de drogues et avaient permis de démontrer ses liens avec le « banditisme traditionnel » ainsi que sa « capacité à se projeter » au-delà de sa région d’origine. « Des membres de l’équipe qui a attenté à la voiture dans laquelle devait se trouver SCH étaient les mêmes que ceux qui ont menacé le patron de l’établissement de nuit », a déclaré le procureur, qui a fait état de quarante-quatre personnes mises en examen, dont trente et une ont été placées en détention provisoire et treize sous contrôle judiciaire, dans ces deux affaires « emblématiques ».
Vingt-trois morts depuis janvier
Au total, depuis le 1er octobre, huit affaires ont permis d’interpeller cent dix-neuf personnes, dont soixante-treize ont été placées en détention provisoire et trente-trois sous contrôle judiciaire, a précisé le patron du service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ13), Philippe Frizon. « Les problèmes ne seront pas réglés demain matin, mais nous avons des résultats », s’est félicité le procureur. Il a confirmé qu’une des figures présumées de la DZ Mafia déjà en détention était apparemment impliquée dans les récentes menaces de mort contre la directrice de la prison marseillaise des Baumettes et un de ses adjoints.
Objets d’un « contrat », ces deux responsables pénitentiaires ont été temporairement éloignés de leurs fonctions et placés sous protection, une situation qualifiée vendredi d’« exceptionnellement grave » par le ministère de la justice. Vendredi soir, le parquet de Marseille a annoncé la mise en examen et l’incarcération provisoire de deux hommes, âgés de 17 et 21 ans, interpellés armés dans le secteur de la prison, en lien possible avec cette affaire.
Les violences liées aux trafics de drogue dans la région marseillaise ont fait vingt-trois morts depuis janvier, selon un bilan de l’Agence France-Presse. En 2023, le narcobanditisme avait coûté la vie à quarante-neuf personnes à Marseille, un sanglant record sur fond de bataille de territoires entre la DZ Mafia et un autre gang de narcotrafic, baptisé Yoda, le premier ayant finalement pris le dessus.