Plan social annoncé chez Nexity, symptôme de la grave crise immobilière en cours

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Un chantier Nexity à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, en avril 2020.

L’annonce tant redoutée − celle de l’ouverture d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) − planait depuis plusieurs semaines. Elle est tombée, mercredi 28 février après-midi, lors d’un comité social et économique extraordinaire au siège parisien du groupe Nexity, premier promoteur immobilier français. La réunion n’a pas duré une heure. Le chiffre d’affaires − 4,3 milliards d’euros − est conforme aux objectifs. L’entreprise fait mieux que le marché, a commenté la direction, devant les représentants du personnel.

Mais le secteur du neuf s’effondre et face à ce que la direction présente aux salariés comme une « crise inédite », le groupe, 8 200 salariés ne résistera pas plus longtemps à la vague sans couper dans les effectifs. La branche promotion et construction est directement concernée. En 2023, les réservations de logements s’érodent de 19 % en nombre et de 24 % en valeur ; les ventes chutent de 30 % par rapport à 2022, faisant planer la menace d’un plan social. Véronique Bédague et Jean-Claude Bassien, la PDG du groupe et son numéro deux, n’avaient pas d’autres chiffres à annoncer pour l’heure, les modalités du PSE seront connues mi-avril. « Si on veut produire du logement abordable, il faut qu’on réduise les coûts », a justifié Mme Bédague, dans la soirée.

Nexity n’est pas le premier à accuser le coup. Mi-janvier, Vinci Immobilier a présenté un plan de sauvegarde de l’emploi aux représentants du personnel, sans annoncer de chiffres. Les premiers départs seraient volontaires. Le PDG du groupe espérait aussi pouvoir réaffecter des salariés au sein de ses différentes filiales. Cette semaine, à la veille de l’annonce des résultats de Nexity, c’était au tour de Bouygues Immobilier de présenter un chiffre d’affaires en recul de 14 %. Dans ce contexte, l’entreprise « adapte son organisation et repousse le lancement de certains projets », est-il indiqué dans un communiqué de presse. Le directeur général refuse d’évoquer un PSE, mais reconnaît dans une déclaration à l’agence de presse spécialisée AEF Info quelques « redéploiements de collaborateurs » vers d’autres filiales du groupe. Une cinquantaine de mobilités internes auraient déjà eu lieu et autant seraient à venir.

Recrutements gelés

A présent, le leader du secteur est touché. « L’activité est en baisse de 30 %, on espère qu’il n’y aura pas une baisse de 30 % de personnel. Sinon, cela représente un millier de personnes », calcule Emmanuel Brie, délégué syndical CFDT, et salarié de la branche promotion et construction. Depuis septembre, les syndicats s’inquiétaient de voir baisser les effectifs par des ruptures conventionnelles, « des licenciements pour insuffisances », sans mesure d’accompagnement. En un an, la branche promotion et construction est passée de 3 350 à 3 000 salariés. Les recrutements étaient gelés. L’inspection du travail avait été alertée.

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