

Pierre Hermé est à l’honneur dans Atout timbres daté 15 mars-15 avril, à l’occasion d’une cérémonie de lancement des deux timbres et du bloc-feuillet « Coeur » 2025, inspirés par ses créations pâtissières, organisée le 3 février au Café Pierre Hermé, rue de Grenelle, à Paris, en présence du célèbre pâtissier, du PDG du Groupe La Poste Philippe Wahl et de la sénatrice Elisabeth Doineau (Union des démocrates et indépendants de Mayenne)…

Les timbres créés par Pierre Hermé, à 1,39 euro (« Ispahan ») – tiré à 1 497 600 exemplaires – et 2,78 euros « Macaron » – 698 400 exemplaires – sont conditionnés en feuilles de douze exemplaires, ainsi que dans un bloc-feuillet à 6,95 euros (1,39 euro x 5, tirage : 350 000), et en feuilles indivisibles de trente timbres autocollants, vendues respectivement au prix de 41,70 euros et de 83,40 euros, et tirées à 27 000 et 15 000 exemplaires.
Imprimés en héliogravure, ces timbres « olfactifs » dégagent un parfum de rose.

Cet événement « mondain » a été précédé par la vente générale de tous ces timbres le 27 janvier, aujurd’hui disponibles dans certains bureaux de poste ou commercialisés par la boutique philatélique sur le site Internet de La Poste.
Ces créations s’inscrivent dans la tradition des timbres de la Saint-Valentin, émis depuis 1999. Le pâtissier-chocolatier succède ainsi aux couturiers (d’Yves Saint Laurent, en 2000, à agnès b. en 2023), aux parfumeurs (Chanel, 2020, Lancôme, 2024), etc.
Les timbres parfumés se sont banalisés dans le monde, depuis la commercialisation au Bhoutan en 1973 de vignettes imprimées sur du papier parfumé à la rose, la France s’essayant à une gomme aux senteurs d’anis en 1964 (« Marianne » de Decaris), à une encre chocolatée, en 2009, pour les 400 ans de tradition chocolatière à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), jusqu’aux odeurs de baguette de pain en 2024.
Bertrand Sinais est l’auteur de quatre pages consacrées à Marthe Richard (1889-1982) : « Marthe Richard fit adopter le 13 avril 1946 la loi portant fermeture des maisons closes, mais peu de gens savent qu’elle fut aussi une aviatrice qui a laissé quelques souvenirs aérophilatéliques sous la forme de cartes postales signées. »
Pas de timbre à l’effigie de Marthe Richard, difficile en effet, on imagine, pour cette ancienne résistante mais aussi ancienne prostituée… L’historien retrace la vie tumultueuse de celle dont le brevet de pilote (au nom de Marthe Richer, Marthe Betenfeld ayant épousé Louis Richer en 1905) porte le numéro 1369, « confirmé par la Fédération aéronautique internationale le 23 juin 1913. Elle est la 6e Française à obtenir ce diplôme ».
Bertrand Sinais évoque dans son article les « nombreux mensonges qui parsèmeront sa vie », comme lorsqu’elle « dit avoir réussi (…) une liaison Le Crotoy-Zurich avec l’aviateur Etienne Poulet (…). En fait, victimes de pannes, ils ont dû atterrir en chemin et ils ont rejoint Zurich en train ». La sortie de nombreux livres où elle raconte ses aventures suscite un rapport de police qui affirme que « les missions relatées par madame Richer sont presque intégralement sorties de son imagination ».
Atout timbres propose désormais, depuis le début de l’année, une rubrique numismatique de deux pages intitulée « le coin de l’euro », dans laquelle les pièces de 2 euros sont scrutées, analysées, illustrées. Place ce mois-ci, entre autres, à « la première pièce française de 2025 dédiée au Musée du Louvre. Attention, soyez attentifs si vous souhaitez ajouter cette monnaie à votre collection, prévient dans son éditorial Benoît Gervais, directeur et rédacteur en chef du mensuel, car elle ne sera pas mise en circulation auprès du grand public »… Est représentée « la façade de colonnade de Claude Perrault construite au XVIIe siècle (…). Le tirage de cette monnaie, qui ne sera pas mise en circulation, est de 315 000 exemplaires dont 4 coincards de 75 000 exemplaires chacune en brillant universel (…). Le tirage est complété avec 10 000 exemplaires en belle épreuve et 5 000 exemplaires en belle épreuve polissage inversé. » Les spécialistes comprendront.

Parmi quelques informations relevées au fil des pages, Atout timbres annonce la cessation des activités du Club philatélique Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie-Maroc-Tunisie) « motivée par le vieillissement des adhérents (âge moyen 85 ans) et par la disparition récente et subite du président, Pierre Ripouteau, et de trois administrateurs en 2024 ».
Art postal, Michel Naud lance un appel : « Collectionneur d’enveloppes décorées, je fais une demande auprès de vous : signaler mon idée de décorer les enveloppes et stimuler les gens afin de m’écrire (…). Je dois relancer ce bonheur de recevoir une belle enveloppe (…) ». N’hésitez pas à expédier votre enveloppe à Michel Naud, 24, rue de la Licorne, 49290 Chalonnes-sur-Loire…
Thématique judaïca, Alain Berrebi est l’auteur d’un Catalogue philatélique mondial Judaïca, dont paraît la neuvième édition. « Cet ouvrage de 564 pages est publié par l’Association philatélique France-Israël (…). Il répertorie l’ensemble des timbres, cartes postales et enveloppes émis dans le monde qui ont un rapport avec le judaïsme », soit plus de 25 000 références (30 euros plus frais de port, renseignements et commandes auprès de l’auteur, aberrebi@orange.fr).
Ce numéro d’Atout timbres ne serait pas complet sans son cadeau philatélique : un bloc-feuillet d’Angola représentant un oiseau, un pic africain (Campethera bennettii, ou pic de Bennett), paru en 2018.
Enfin, petite session de rattrapage concernant les deux numéros d’Atout timbres déjà parus depuis le début de l’année, datés 15 janvier-15 février et 15 février-15 mars.
– « Histoire et philatélie, cap sur les Philippines ! » : quatre pages retracent l’histoire des philippines à travers ses timbres. Défilent les époques de la domination espagnole (1521-1898), la domination américaine (1898-1946) et les Philippines indépendantes.

– « Les coulisses de la série Grands noms de l’histoire de France 1966-1973 » : Vingt-quatre timbres sont parus dans cette période, dessinés et gravés par Albert Decaris (1901-1988). Sont présentés les timbres et certains projets refusés, magnifiques, conservés au Musée de La Poste, à Paris, dont celui consacré à Hugues Capet, à la « une » d’Atout timbres.
– « Héros de l’aérophilatélie : Saint-Exupéry, Guillaumet et la cordillère des Andes » : de nombreux timbres et du courrier d’époque illustrent l’épopée, racontée par Bertrand Sinais, du survol puis de la traversée des Andes par avion, par le Chilien Dagoberto Godoy et l’Argentin Luis C. Candelaria (1918), par la Française Adrienne Bolland (1921) – à laquelle un timbre de poste aérienne a été consacré en 2005 –, avant les liaisons régulières précédées par des vols d’essais de Mermoz, en 1928 et 1929 et l’ouverture de la ligne de l’Aéropostale de Patagonie par Paul Vachet et Saint-Exupéry (1929).

Et c’est le « capotage » de Guillaumet, survenu en juin 1930, en pleine tempête de neige, dans les Andes. « La plupart des lettres ont perdu leurs timbres lors du séjour prolongé des sacs dans la neige. A l’arrivée du courrier à Paris, fin décembre 1930, les affranchissements sont hâtivement reconstitués au petit bonheur la chance », signale Bertrand Sinais. « Deux griffes noires sont apposées : “retard dû au service” et, plus rare, “retard dû au service avion”. »
Les plis transportés et sauvés par Guillaumet appartiennent plus à l’histoire tout court qu’à l’histoire postale ou aérophilatélique. Certains philatélistes se sont spécialisés dans la collection des plis aériens accidentés, auxquels un catalogue a même été consacré (Courrier Recupéré. Recovered Mail 1918-1978, par Henri L. Nierinck, Raessens 1984).
– Enfin, Atout timbres est allé à la rencontre de Sophie Beaujard, dessinatrice et graveuse, qui parle de son travail. L’artiste raconte ses débuts, facilités par son père Yves Beaujard (1939-2024), graveur de talent, avec son premier timbre dessiné pour Andorre, paru en 2010, et son premier timbre gravé, à l’effigie de la résistante Germaine Ribière (1917-1999), émis en 2017.
Sophie Beaujard raconte le plaisir des rencontres que le timbre lui a permis de faire : Sylvie Le Bon de Beauvoir, la fille de Simone de Beauvoir ; Louis Giscard d’Estaing, le fils de Valéry, pour des portraits gravés qui portent sa signature mis en service en 2021…

Elle présente quelques projets refusés, pour Monaco. Et avoue que son timbre préféré est celui sur Marcel Proust (2022) : « Il a une belle posture, mélange d’élégance et de préciosité. Son regard me plaît beaucoup, avec ses paupières lourdes, ses yeux cernés et sombres. Cela lui donne un regard très présent et intense (…). »

Pour les graveurs, elle ne manque pas de citer son père, bien sûr, ainsi que Claude Jumelet, Pierre Albuisson et Claude Andréotto (1949-2017), et, parmi son abondante production, ses portraits d’Aristide Maillol ou de Grace Kelly, pour Monaco. Elle pense que Romain Gary (1914-1980) mériterait un timbre… Message transmis à La Poste !
« Atout timbres », n° 313, 15 mars-15 avril 2025, 32 pages, en vente en kiosques, 2,90 euros. Abonnement auprès de l’éditeur, Yvert et Tellier, 2, rue de l’Etoile, CS 79013, 80094 Amiens Cedex 3. Tél. : 03-22-71-71-87. Courriel : sbelvalette@yvert.com.
