Philippe Taquet, chasseur de dinosaures et ancien directeur du Muséum national d’histoire naturelle, est mort

2458


Philippe Taquet, au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, le 10 novembre 1994.

La scène se déroule en décembre 1964, à Paris, au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Jean-Pierre Lehman, qui y tient la chaire de paléontologie, invite dans son bureau un étudiant et lui explique qu’au Niger des géologues du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), cherchant de l’uranium pour alimenter le programme nucléaire civil français voulu par Charles de Gaulle, sont tombés sur des ossements fossiles. Et que les identifier permettrait de dater les couches géologiques qui les contiennent. L’étudiant est-il d’accord pour se charger de cette mission et partir dans le désert du Ténéré ? Dans l’enthousiasme de ses 24 ans, Philippe Taquet répond oui : « Je n’étais jamais allé en Afrique, nous confiait-il, cinquante-sept ans plus tard, en 2021. Jean-Pierre Lehman a sorti de son tiroir un billet d’avion en me disant que je partais le lundi suivant et que je ne devais pas oublier de prendre de la Nivaquine, contre le paludisme. »

Ce « oui » qu’a prononcé Philippe Taquet ce jour de décembre 1964 a changé et construit sa vie. « En réalité, écrivait-il dans L’Empreinte des dinosaures (Odile Jacob, 1994), je répondais oui à la question suivante : “Consentez-vous à prendre pour épouse la paléontologie et à la servir fidèlement jusqu’à la fin de vos jours ?” » Jusqu’à la fin de ses jours, Philippe Taquet a tenu son serment. Ce grand chasseur de dinosaures devant l’Eternel, paléontologue jusqu’au bout des phanères, arrière-petit-fils spirituel du fondateur de la discipline, Georges Cuvier (1769-1832), à qui il a consacré une biographie, s’est éteint le 16 novembre à Paris, à l’âge de 85 ans, a annoncé sa famille au Monde.

Il vous reste 78.7% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link