Philippe Manier, ancien gendarme rwandais condamné à perpétuité pour génocide, à nouveau devant la justice française

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L’ancien gendarme rwandais Philippe Hategekimana, naturalisé français en 2005 sous le nom de Manier, lors de son procès aux assises de Paris pour génocide et crime contre l’humanité, le 10 mai 2023.

Pendant les sept semaines de son procès devant la cour d’assises de Paris, en 2023, Philippe Hategekimana, naturalisé Français en 2005 sous le nom de Philippe Manier, s’était quasiment muré dans le silence. Quelques heures avant son jugement, le 28 juin, l’ancien adjudant-chef de la gendarmerie de Nyanza, dans le sud du Rwanda, avait toutefois pris la parole pour se dire « confiant » sur le fait que la cour allait écouter « sa raison et son cœur ».

Après un délibéré de douze heures, il avait finalement été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits imprescriptibles en lien avec le génocide des Tutsi, qui a fait entre 800 000 et un million de morts au printemps 1994. Le jury l’avait reconnu coupable de « quasiment tous les chefs d’accusation », selon la cour. « Vous avez été un agent zélé dans le plan d’extermination des Tutsi », avait conclu le président, Jean-Marc Lavergne.

Le procès en appel de l’ancien gendarme rwandais doit s’ouvrir lundi 4 novembre, une fois encore devant la cour d’assises de Paris. Agé de 67 ans, il comparaît en vertu de la compétence universelle, un principe qui permet depuis 2010 à la France de juger les auteurs de crimes graves, quel que soit le lieu où ils ont été commis. « Nous voulons que la vérité se manifeste enfin, assure Me Emmanuel Altit, l’un des conseils de l’accusé. Si chacun fait l’effort de regarder sérieusement les preuves et d’écouter ce que disent les uns et les autres, il apparaîtra que mon client n’a joué aucun rôle dans le génocide. »

Une centaine de témoins à la barre

D’après l’ordonnance de mise en accusation, un document de 170 pages établi en septembre 2021 que Le Monde a pu consulter, Philippe Manier est accusé d’avoir notamment usé « des pouvoirs et de la force militaire qui lui étaient conférés par son grade pour commettre et participer en tant qu’auteur au génocide. » En première instance, 105 témoins avaient défilé à la barre. Ils ont raconté comment l’ancien gendarme avait ordonné l’érection de « barrières », des points de contrôle installés sur les routes où des centaines de Tutsi furent massacrés.

Les neuf membres de la cour (le président, deux assesseurs et six jurés) avaient aussi considéré qu’il était à l’origine de l’assassinat d’un bourgmestre, Narcisse Nyagasaza, qui s’opposait au génocide dans sa commune. Celui que tout le monde surnommait « Biguma », du nom d’un instituteur de son village réputé pour sa sévérité, fut également condamné pour avoir pris une part active dans le massacre de Nyamure, où plus de 10 000 Tutsi ont été tués.

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