Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 h 30. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast du même nom, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement en cliquant ici.
La question de la semaine
« Bonjour, je crois qu’il est possible de diminuer le réchauffement en “mimant” une éruption volcanique pour protéger la Terre des rayons du Soleil. Est-ce que c’est sérieux ? Est-ce que c’est possible ? Merci de votre réponse. » Question posée par Chacha à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr
Ma réponse : Ce n’est pas une idée géniale. C’est vrai, des chercheurs y réfléchissent, et ce n’est pas impossible techniquement. Mais les conséquences climatiques, environnementales, sanitaires, économiques et géopolitiques pourraient être désastreuses. Vous pouvez en savoir plus sur le sujet de la géo-ingénierie et sur les risques associés en écoutant cet épisode de « Chaleur humaine » avec la chercheuse Sofia Kabbej.
Je vous recommande aussi le livre très instructif qui vient de sortir de Rémi Noyon et Marine de Guglielmo Weber, Le Grand Retournement (Les Liens qui libèrent), consacré à cette question.
1/ De quoi parle-t-on ?
L’idée de modifier artificiellement le climat n’est pas nouvelle, les spécialistes parlent globalement de « géo-ingénierie » – une appellation floue qui recouvre plusieurs technologies. Celle à laquelle vous faites référence ici est appelée gestion du rayonnement solaire (on utilise souvent l’acronyme anglais « solar radiation modification », SRM). Concrètement, il s’agit de vaporiser des quantités importantes de produits chimiques dans la stratosphère – soit entre 10 et 20 kilomètres au-dessus de nos têtes – pour créer une sorte de voile de particules qui limite les effets du rayonnement solaire sur la planète. Ce type de projet cherche effectivement à reproduire l’effet d’une très grande éruption volcanique, comme celle du Pinatubo en 1991 – qui a refroidi le climat mondial d’environ 0,5 degré l’année suivante, masquant temporairement le réchauffement.
Concrètement, cela impliquerait de faire voler de manière continue des centaines d’avions qui vaporiseraient des aérosols – un calcul cité par Sofia Kabbej dans l’épisode de « Chaleur humaine » sur le sujet estimait le besoin à 60 000 vols par an pour maintenir cette couche chimique au-dessus de nos têtes. Pour l’instant, il y a surtout eu des recherches en laboratoire et aucun test sérieux mené à grande échelle. Il y a aussi un débat très vif dans la communauté scientifique sur l’opportunité de conduire ou non des recherches sur le sujet.
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