« Peut-on être “allié” des Etats-Unis sur le plan militaire et ennemi dans une guerre idéologique et économique ? »

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Donald Trump est arrivé à ses fins : transférer aux Européens une part plus importante du fardeau financier de leur propre défense. Réunis les 24 et 25 juin à La Haye (Pays-Bas), les 32 pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont donc engagés, sous la pression du président américain, à consacrer 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense et à la sécurité en 2035. Loin des 2 % fixés en 2014, quand l’annexion de la Crimée par Moscou les avait convaincus d’abandonner la politique des « dividendes de la paix » et de se réarmer. Pour se faire la guerre économique ?

On ne peut pas reprocher à M. Trump d’exiger des Européens qu’ils payent plus au moment où la Russie redevient une menace pour le Vieux Continent. L’objectif est-il réaliste pour autant ? Dans dix ans, ils devront dépenser 850 milliards d’euros par an, soit 2,5 fois plus qu’aujourd’hui. Chacun avance à son rythme, suivant son exposition à la menace russe : Baltes et Polonais s’approchent de l’objectif, les Allemands se réveillent aussi d’un long sommeil sous protection américaine ; mais l’Espagne refuse.

La France, elle, a amorcé le mouvement depuis quelques années, après être passée de l’étiage trumpiste de 5 % au début de la Ve République à seulement 1,8 % en 2019. Elle est loin du compte et consacre aux armées 2 % de sa richesse, soit 50 milliards (hors pensions) ; tenir la promesse de La Haye ferait passer ce budget à 150 milliards (retraites comprises) dans dix ans, alors qu’elle n’a toujours pas engagé l’assainissement de ses finances publiques. Elle est même menacée d’une « défiance soudaine de ses créanciers », selon le dernier rapport de la Cour des comptes, limitant ses capacités de réarmement.

Profonde contradiction

En plein état d’urgence budgétaire, où le gouvernement cherche 40 milliards d’économies pour 2026, le chef de l’Etat envisage d’accélérer l’exécution de la loi de programmation militaire 2024-2030. Emmanuel Macron pourrait l’annoncer la veille du 14-Juillet, dans sa traditionnelle allocution aux armées. Davantage de Rafale, de frégates de premier rang, de missiles sol-air, de systèmes de guerre électronique ? Plusieurs options sont sur la table, a récemment indiqué le ministre des armées, Sébastien Lecornu, devant le Sénat. Un premier signe de bonne volonté envoyé par Paris à Washington ?

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