Perchés avec les amateurs de grimpe d’arbres pour « retisser le lien distendu entre le végétal et l’humain »

2754


C’est un moment suspendu, où le silence des humains laisse entendre le concert des oiseaux. Suspendu comme Judith, Marwan, Aya, Djessim, Rayane, Lyssana et Alvah, qui, tous, ont moins de 11 ans et la parole facile. Mais, à cet instant, ils montent et descendent sans bruit le long de leur corde ou se balancent doucement, tête renversée vers l’arrière et bras écartés, pour les plus confiants, comme gagnés par la puissance tranquille du hêtre haut de 20 mètres qui les accueille. Perchés, apaisés.

Bien sûr, le miracle ne dure pas. Les « ahhhh ! », « ouahhhh ! », « c’est trop bien, ça tourne ! » reprennent vite tant est grande l’excitation des minots de Vénissieux (Rhône) d’apprendre ici ce qui est prohibé ailleurs : grimper aux arbres. « Au parc, quand on grimpe, il y a des mémés qui nous grondent, elles crient : “Descendez de là !” », rapporte Lyssana, dont la queue-de-cheval tressaute lorsqu’elle mime la scène. A Champagneux (Savoie), dans le centre de vacances de leur ville de la banlieue lyonnaise, ce droit est accordé aux enfants. Mieux encore : durant les cinq jours du stage de « grimpe d’arbre », ils sont incités à s’aventurer toujours plus haut, à s’asseoir à califourchon sur les branches et même à rejoindre l’arbre voisin grâce à de grands mouvements de pendule.

Le tout sous les encouragements de Samuel Guetta. Les feuilles emmêlées dans les cheveux frisés de ce trentenaire, l’aisance de son évolution dans la ramure lui donnent un air de lutin des forêts. Pourtant, le fondateur de l’association Sam’Branche se garde de toute fantaisie lorsqu’il choisit l’arbre visité, les branches hautes qui supporteront les cordes, les mots pour initier les petits à l’enfilage du harnais de sécurité et à la technique permettant de se hisser avec les jambes, sans trop d’efforts, avant de redescendre en douceur – grâce à un système de nœud autobloquant et d’étrier.

« Compétences diagnostiques »

Samuel Guetta est diplômé en grimpe d’arbres. C’est écrit en vert pomme sur sa veste polaire couleur tronc de châtaignier : « éducateur grimpe d’arbres », après trois cent cinquante heures d’une formation organisée par le Syndicat national de grimpeurs encadrant dans les arbres (SNGEA), sous l’égide du ministère des sports. Techniques de cordes, éthique du rapport à l’arbre, biologie végétale… « Des compétences diagnostiques de plus en plus poussées sont nécessaires pour s’assurer que l’arbre peut accueillir du public », insiste Benoît Fournier, administrateur du SNGEA. Seul ce certificat de qualification professionnelle créé en 2009 permet de montrer la voie des cimes contre rémunération. A un groupe de huit personnes, tout au plus.

Il vous reste 74.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link