« Nous, médecins, souhaitons dénoncer publiquement le sexisme systémique dans le monde médical hospitalier et universitaire »

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Nous, médecins, chirurgiens, psychiatres hospitaliers, évoluons, pour notre formation et notre activité professionnelle, au sein de structures encore trop souvent dominées par une culture sexiste, machiste et patriarcale. Nous en sommes imprégnés.

Sous le prétexte d’un besoin de défoulement, les traditions carabines ont repris longtemps un imaginaire paillard purement masculin, faisant des femmes un objet sexuel à disposition. Un certain nombre d’entre nous ont fréquenté, plus ou moins assidûment, les salles de garde des hôpitaux dans lesquelles a régné, et parfois règne encore, cette culture, illustrée par des fresques à thématiques sexuelles masculines, montrant très souvent une image dégradante de la femme, et où figurent parfois des scènes de viols.

Nous avons tous entendu, et entendons encore trop souvent, dans les services hospitaliers et les blocs opératoires, des blagues ou remarques sexistes intimidantes et dégradantes vis-à-vis des collègues ou soignantes femmes. Nous avons pu même assister à ce qui se nomme clairement maintenant des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel. Souvent, nous avons ricané avec le groupe et renchéri, parfois nous nous sommes contentés d’une attitude de neutralité silencieuse et, exceptionnellement, nous avons fait part de notre désapprobation.

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La « tradition » et le « à-quoi-bonisme » dans un milieu très hiérarchisé, où il y a beaucoup à perdre à se faire remarquer, nous ont permis de ne pas nous poser trop de questions ou de trouver de bonnes raisons pour nous taire.

Pourtant, le constat est terrible et incontestable. Une enquête récente du conseil national de l’ordre des médecins confirme ce qu’une thèse de médecine avait montré, en 2020, auprès de 2 200 internes, à savoir que plus de la moitié des médecins femmes actives (54 %) ont été victimes de violences sexistes et sexuelles. Les associations et syndicats d’étudiants rapportent des chiffres tout aussi inquiétants. La majorité de ces violences se sont déroulées pendant les études médicales et étaient le fait d’enseignants, de maîtres de stage et d’encadrants.

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