« Nous demandons l’adoption d’un protocole national garantissant l’anonymat des lanceurs d’alerte dans le domaine de la protection des enfants »

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Protéger les enfants est un devoir collectif fondamental. Chaque jour, des milliers de professionnels s’engagent pour identifier et signaler des cas de maltraitance, de négligence ou d’abus. Médecins, enseignants, travailleurs sociaux : tous jouent un rôle crucial dans la protection de ceux qui ne peuvent pas se défendre seuls. Pourtant, ces femmes et ces hommes, qui veillent sur les enfants, sont eux-mêmes vulnérables lorsqu’ils remplissent cette mission.

En effet, l’engagement des professionnels de santé et de l’enfance dans la protection des mineurs est une responsabilité essentielle mais à risque. Lorsque les médecins choisissent d’envoyer une « information préoccupante » (IP) aux autorités compétentes pour les alerter d’un danger potentiel concernant un mineur, ils s’exposent eux-mêmes à des représailles de l’entourage familial. Cette réalité, bien que méconnue, est de plus en plus courante et alarmante. A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, nous souhaitons alerter les pouvoirs publics sur les dysfonctionnements de ce système.

En 2022, les violences contre les médecins ont augmenté de 23 % par rapport à l’année précédente, selon le Conseil national de l’ordre des médecins. Et ce fléau ne s’arrête pas aux soignants : travailleurs sociaux, éducateurs, enseignants, tous font face à une escalade de violence qui compromet leur engagement.

Ce chiffre constitue un révélateur d’une crise profonde. La recrudescence des agressions physiques et verbales, notamment à la suite de signalements de maltraitance, met en lumière le manque de protection dont bénéficient les professionnels de santé et de l’enfance qui sont en première ligne pour défendre l’intérêt des enfants en danger.

Un piège

Prenons l’exemple d’une médecin généraliste confrontée à un cas de maltraitance. Bien que persuadée de l’urgence de protéger l’enfant, elle sait que transmettre une « information préoccupante » pourrait lui attirer des représailles de la famille concernée. Doit-elle risquer sa sécurité personnelle pour sauver cet enfant ou se taire au prix de laisser une situation dangereuse se prolonger ?

L’actuel cadre législatif, régi par le code de l’action sociale et des familles, impose aux médecins de transmettre les informations préoccupantes, sans anonymat. Or, cette transparence, conçue pour assurer la traçabilité des signalements, devient un piège lorsque les médecins sont menacés. Bien qu’un texte de 2013 encadre la procédure, il n’offre aucune protection réelle à celles et ceux qui choisissent de dénoncer des situations préoccupantes.

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