La cour d’assises d’appel des Bouches-du-Rhône a condamné, dans la nuit de vendredi à samedi 21 septembre, à trente ans de réclusion criminelle Mohamed Seghier, 46 ans, et Juan-Gino Marti, 42 ans, pour l’assassinat en bande organisée du manager du rappeur Jul, en 2014. Les jurés d’appel ont ainsi aggravé la peine de vingt-cinq ans de réclusion qui leur avait été infligée en mars 2023.
Les deux accusés niaient farouchement leur participation à l’assassinat de Karim Tir, 30 ans, abattu au volant de son véhicule par des hommes circulant à moto devant une station de métro, le 12 juin 2014, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
« Je suis un voleur de voitures, je pouvais faire un braquage mais je ne suis pas un tueur », a martelé lors des débats Mohamed Seghier, présenté par la police judiciaire comme l’un des membres influents d’une équipe de malfaiteurs de Marignane (Bouches-du-Rhône), ville proche de Marseille.
Karim Tir, sorti de prison deux ans plus tôt après avoir purgé une peine de cinq ans de prison pour trafic de stupéfiants, s’était reconverti dans la production musicale, devenant notamment manager de Jul dont la carrière commençait à se développer.
Volonté de vengeance
L’avocat général, Christophe Raffin, qui avait requis contre les deux accusés trente ans de réclusion, a inscrit cet assassinat dans une « vendetta », un conflit sanglant entre deux équipes criminelles marseillaises impliquées dans le trafic de drogue. « Les Tir et les Remadnia, c’est leur contentieux, je n’ai rien à voir avec eux », a contredit Mohamed Seghier alors que, selon l’accusation, son implication tiendrait à une volonté de venger l’assassinat de son frère Karim Seghier, en août 2010.
Détaillant les circonstances de l’assassinat de Karim Tir, la première cour d’assises, en mars 2023, avait estimé que « le tireur qui apparaît boitant sur les images de la caméra de surveillance ne peut être que Zakary Remadnia », un jeune homme abattu quelques mois plus tard à Marseille.
Mohamed Seghier l’aurait précédemment déposé sur les lieux. La cour d’assises de première instance désignait aussi Juan Marti comme le pilote très expérimenté de la moto emportant le tireur après les coups de feu, un rôle contesté par Mes Anna-Maria Sollacaro et Antoine Guglielmi qui ont réclamé son acquittement.
Les défenseurs de Mohamed Seghier, Mes Pascal Roubaud et Mehdi Khezami, ont eux aussi plaidé l’acquittement. « Les débats n’ont pas permis de dire où se trouvait Mohamed Seghier sur la scène de crime », a déclaré Me Roubaud à l’issue du verdict, regrettant que « la cour ait condamné sans être en mesure de déterminer le rôle exact » de son client.
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Un troisième accusé a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans avec sursis pour association de malfaiteurs alors qu’il avait été acquitté en première instance. Jul, star marseillaise du rap, devra lui payer une amende de 3 000 euros pour avoir refusé de comparaître comme témoin durant ce procès en appel.