Mis sous pression dans l’affaire Bétharram, François Bayrou rencontrera samedi l’association des victimes de l’établissement

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Le premier ministre, François Bayrou, le 13 février à l’Elysée.

Mis sous pression par la gauche dans l’affaire des agressions sexuelles entourant l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, le premier ministre, François Bayrou, va rencontrer samedi 15 février l’association des victimes du collège-lycée situé dans le Béarn, a appris l’Agence France-Presse, vendredi, confirmant une information de BFM-TV.

Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, d’agressions sexuelles et de viols commis au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990. Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution, et son épouse y a enseigné le catéchisme. L’un de ses fils était notamment dans la classe d’un élève à l’origine de la première plainte déposée contre un surveillant, pour une violente claque qui avait percé le tympan du garçon, en avril 1996.

Après plusieurs articles de Mediapart affirmant que l’ancien ministre et député des Pyrénées-Atlantiques avait connaissance de certains faits relatifs à Notre-Dame de Bétharram, M. Bayrou a plusieurs fois démenti ces derniers jours à l’Assemblée nationale avoir eu vent des affaires de violences physiques et sexuelles entourant cet établissement catholique privé béarnais. Le premier ministre a aussi affirmé, mercredi après-midi auprès du Monde, n’avoir « jamais été au courant de ces affaires-là » et qu’il « n’aurai[t] pas scolarisé [ses] enfants dans un établissement » s’il avait su qu’il s’y passait « des choses de cet ordre ».

« Omerta »

Professeure de mathématiques à Notre-Dame de Bétharram de 1994 à 1996, Françoise Gullung, qui avait déposé plainte à l’époque pour y dénoncer un climat violent, affirme pourtant en avoir « parlé de vive voix à François Bayrou pour lui dire qu’il fallait être vigilant parce qu’il s[’y] passait des choses anormales ». Avec l’infirmière de l’établissement, elles ont aussi chacune envoyé des courriers, restés sans réponse. M. Bayrou réfute également avoir été au courant de la mise en examen pour viol, en 1998, de Pierre Silviet-Carricart, ancien directeur de l’institution, retrouvé mort dans le Tibre, à Rome, en 2000. Interrogé par Le Monde en mars 2024, le juge d’instruction Christian Mirande affirmait avoir reçu une visite de François Bayrou pour évoquer cette histoire. Ce que nie le premier ministre.

Au cours des questions au gouvernement, mardi et mercredi, plusieurs députés de gauche ont interpellé François Bayrou sur sa connaissance, ou non, des faits qui se sont déroulés à Notre-Dame de Bétharram. « Votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’Etat. Il engage directement le président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon », a notamment lancé le député « insoumis » Paul Vannier.

Les députés socialistes ont par ailleurs estimé que François Bayrou « doit la vérité » aux victimes de cette affaire et à la représentation nationale, dans un communiqué de presse. « Des articles de presse publiés depuis apportent des éléments qui contredisent la version du premier ministre. S’ils étaient avérés, cela constituerait un mensonge et donc une faute grave », juge le Parti socialiste.

« Je vais redire ce que j’ai dit hier : jamais je n’ai été, à cette époque, averti en quoi que ce soit (…) des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements », avait répondu mercredi François Bayrou, après l’interpellation du député écologiste Arnaud Bonnet.

Le Monde

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