Menacée d’expulsion, la journaliste française Vanessa Dougnac a dû quitter l’Inde

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La journaliste française Vanessa Dougnac, correspondante de La Croix et du Point a été contrainte de quitter l’Inde, pour Paris, vendredi 16 février. Le 18 janvier, elle avait reçu une mise en demeure, lui demandant de rendre son permis de résidence, une carte OCI (Overseas Citizen of India), un statut spécial sous forme de visa permanent, accordé notamment aux étrangers dont le conjoint est indien. Vanessa Dougnac est mariée à un Indien avec lequel elle a un fils et a passé l’essentiel de sa vie en Inde qu’elle considère comme son pays d’adoption. Cet « adieu » lui cause « une immense tristesse », a-t-elle confié dans un communiqué.

Les autorités lui avaient déjà retiré en septembre 2022 son permis de travail. Depuis un an et demi, elle ne pouvait plus exercer son métier. La visite du président Emmanuel Macron en Inde le 26 janvier qui, selon son entourage, a évoqué son cas devant le premier ministre indien, Narendra Modi, n’a rien changé, pas plus que les multiples interventions du Quai d’Orsay. Le départ de Vanessa Dougnac est un cuisant échec pour la diplomatie française qui vante ses excellentes relations avec l’Inde. « Je n’ai pas choisi de partir, a déclaré la journaliste. Je suis dans l’incapacité de travailler et j’ai été injustement accusée de porter atteinte aux intérêts de l’Etat. Il est devenu évident que je ne peux pas continuer à vivre en Inde. »

Ce développement sonne comme un très mauvais signal pour la liberté des journalistes en Inde. Au moins trois autres correspondants étrangers sous statut OCI ont vu leur demande de renouvellement être rejetée, certains attendent une réponse depuis plusieurs mois.

Le ministère de l’intérieur indien, dirigé par Amit Shah, fidèle allié de Narendra Modi, qui a la haute main sur la délivrance des visas, a refusé pendant des mois de motiver sa décision de retirer à Vanessa Dougnac son permis de travail. C’est seulement dans le courrier du 18 janvier, que ses services lui ont reproché des reportages « malveillants », créant « une perception négative et biaisée de l’Inde », un travail susceptible de « troubler l’ordre public dans certaines couches de la société ». Des allégations graves mais communément lancées contre les opposants, que la journaliste a bien entendu niées.

La liberté d’expression se réduit

« L’Inde est ma maison, un pays que j’aime et respecte profondément, et je ne me suis jamais livrée à aucun acte préjudiciable aux intérêts indiens », a-t-elle déclaré en réponse à la notification. Installée depuis vingt-trois ans à New Delhi et couvrant l’Asie du Sud, Vanessa Dougnac a multiplié les grands reportages sur des terrains difficiles, notamment au Cachemire, au Sri Lanka durant la guerre civile, au Pakistan et en Afghanistan.

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