Avec leurs tracteurs, environ trois cents agriculteurs français et espagnols ont bloqué, jeudi 7 mars, le péage frontalier de Biriatou, au Pays basque, pour lancer un « ultimatum » à l’Union européenne (UE) pour une « énergie de production totalement détaxée ». Réunis depuis midi à la barrière de péage, des deux côtés de la frontière, après avoir procédé à des opérations escargot, les agriculteurs ont livré leur revendication commune, sans brandir de banderoles syndicales. Ils donnent à l’UE jusqu’au 1er juin pour aboutir à une « taxe zéro » sur le gaz, l’électricité, le gasoil et le GNR (gazole non routier).
Les tracteurs, sur lesquels étaient affichés des slogans comme « Plus de revenu » ou « Agriculteur, enfant on en rêve, adulte on en crève », sont restés stationnés sur l’autoroute plusieurs heures, en laissant une voie de circulation ouverte, avant un retour en opération escargot prévu pour la fin de l’après-midi.
Les agriculteurs de plusieurs pays européens dont la France, l’Espagne, l’Allemagne, la Grèce et la Pologne se sont massivement mobilisés pendant des semaines ou continuent de le faire, protestant contre une concurrence qu’ils jugent déloyale de la part de pays hors Union européenne, qui ne sont donc pas soumis aux mêmes règles, et contre une bureaucratie et des normes qu’ils estiment trop lourdes.
Ils dénoncent aussi des prix d’achat trop bas pour leur production dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), et un manque d’aides au secteur. En France, le patron du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, avait relayé dimanche les attentes des exploitants, soit des « réalisations très concrètes » après les promesses du gouvernement, en menaçant de nouvelles « actions sur le terrain ».
Manifestation à Prague contre le gouvernement tchèque et l’UE
Par ailleurs, des centaines de tracteurs ont perturbé la circulation dans le centre historique de Prague, en République tchèque, jeudi, lors d’une manifestation d’agriculteurs protestant contre les politiques d’austérité et l’excès de bureaucratie. Un manifestant a été arrêté après avoir déversé un camion de fumier devant le bâtiment du gouvernement.
Les manifestants ont appelé le gouvernement à soutenir l’emploi rural et à abandonner les mesures d’austérité, y compris les taxes sur les subventions de l’Union européenne. Ils se sont également plaints du niveau élevé des coûts de production, d’un excès de bureaucratie, de la législation environnementale européenne et des importations de céréales en provenance d’Ukraine.
La foule devant le bâtiment du gouvernement tchèque était moins nombreuse que prévu par la Chambre agraire, syndicat, qui avait tablé sur 4 000 manifestants et 1 000 tracteurs et autres machines agricoles. Des milliers d’agriculteurs en colère se sont également rassemblés mercredi à Varsovie, dans la Pologne voisine, pour dénoncer la réglementation européenne et le caractère bon marché des importations en provenance d’Ukraine.