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Trois tasses de café par jour ; 4,5 kilos de soja par mois ; 11,5 kilos de bananes et 5,7 kilos de chocolat par an. Si chacun et chacune d’entre nous peut consommer ces produits venus de loin, c’est grâce aux échanges commerciaux et, en partie, grâce aux accords de libre-échange signés par la France puis par l’Union européenne depuis des décennies. Incontestablement aussi, le commerce mondialisé offre des débouchés aux agriculteurs français et garantit l’accès à quantité de produits de notre quotidien. Pour autant, la signature continue de nouveaux accords est-elle l’horizon indépassable de notre bonheur économique ?
Les partisans de cela font valoir l’intérêt du consommateur (un prix bas en rayon), celui de la modernisation agricole… Voire le roi des poncifs : plus de libéralisation des échanges serait forcément égal à plus de bien-être collectif. Ces caricatures divisent notre société et font l’impasse sur la complexité des enjeux. Pour dépasser ces slogans obsolètes, la régulation du commerce international doit nécessairement intégrer deux critères nouveaux : l’impact de long terme sur le développement humain et celui sur les équilibres écologiques.
L’égoïsme et le cynisme économiques prévalaient dans le commerce mondialisé tant que les impacts environnementaux et le mal-développement humain touchaient le partenaire commercial lointain et sa population. La pollution, la misère, c’était pour les autres, pour les pays exportateurs de denrées à bas prix. Les petits prix attractifs pour le chocolat, l’électronique, le textile, la banane, c’était pour nous, consommateurs du Nord global !
Or, aujourd’hui, cette mondialisation, issue pour beaucoup de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) signé en 1947, est confrontée à une nouvelle réalité : la pollution liée au réchauffement climatique est sans frontières, des boucles de rétroaction écologiques et des désordres géopolitiques impactent massivement les pays, même ceux qui se croyaient à l’abri des conséquences d’un commerce mondial irresponsable. Désormais, quand on achète au loin, on cautionne le monde qui va avec ! Et, de la même façon, améliorer les choses là-bas, c’est les améliorer chez nous.
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