Depuis le début de l’invasion à grande échelle, la ligne des Occidentaux est restée la même : fournir les moyens à l’Ukraine de survivre sans lui donner les ressources militaires nécessaires pour remporter la guerre. L’élection récente de Donald Trump aux Etats-Unis a jeté une incertitude sur l’avenir de ce soutien militaire. Or, en refusant encore de nous donner la possibilité de frapper les bases militaires en Russie avec le matériel déjà fourni, nos alliés nous laissent en sursis.
A l’heure où la Russie parvient à contourner les sanctions économiques et renforce les liens avec ses alliés, l’espoir des Occidentaux continue de résider dans d’illusoires négociations de paix entre un pays agresseur et un pays agressé. L’idée que la Russie pourrait se contenter des territoires qu’elle occupe déjà, dans le cadre d’accords qui seraient négociés en mettant Kyiv [Kiev en ukrainien] sous pression, est un miroir aux alouettes. Ne nous leurrons pas : un cessez-le-feu ou un nouvel accord de type « Minsk » [en référence à ceux signés entre la Russie, l’Ukraine et l’OSCE en 2014 et 2015] offrirait à la Russie un moratoire à son avantage pour reconstituer ses stocks d’armes, avec comme seul horizon pour l’Ukraine la certitude d’une agression encore plus violente dans un avenir proche. Or, tout semble indiquer que c’est vers ce type d’accord que l’administration Trump souhaite aller.
L’attaque du 24 février 2022 avait pour objectif de prendre la capitale ukrainienne en quelques jours et de placer un régime autoritaire à la solde de Moscou. L’agresseur russe a le mérite de la clarté dans ses ambitions : prendre le contrôle du pays ou l’anéantir. Tout accord qui viserait à contenter la Russie ne sera pas suffisant si l’Ukraine poursuit sa trajectoire hors de son giron. Cette erreur a déjà été commise avec les accords de Minsk, qui, s’ils avaient pu ralentir l’avancée sur le territoire ukrainien, n’ont pas empêché l’invasion à grande échelle de 2022.
L’Ukraine peut gagner
Contrairement aux pays européens, la Russie a basculé dans une économie de guerre lui permettant de tenir sur du long terme. L’économie russe est aujourd’hui orientée vers la production de matériel militaire et investit massivement dans l’extension de plusieurs sites de production d’avions de combat, de missiles, d’obus et de drones. Depuis deux ans, la Russie est parvenue à contourner les sanctions occidentales, notamment grâce à des accords commerciaux passés avec l’Iran, la Chine et la Corée du Nord, ou encore par le biais de pays qui n’imposent pas de sanctions comme la Turquie, la Serbie ou encore les Emirats arabes unis. En créant ses propres chaînes d’assemblage, elle a constitué des stocks bien supérieurs aux estimations sur sa capacité de production au début de la guerre.
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