

L’Ouganda a « suspendu » toute coopération militaire avec l’Allemagne, a annoncé, dimanche 25 mai, un porte-parole de l’armée ougandaise, affirmant que l’ambassadeur allemand est « engagé dans des activités subversives », dans le pays d’Afrique de l’Est.
Cette annonce fait suite à un précédent communiqué de l’armée diffusé vendredi 23 mai, qui accusait certaines missions diplomatiques européennes de soutenir « des groupes négatifs et traîtres », opposés au gouvernement et visait déjà en particulier l’ambassadeur d’Allemagne, Matthias Schauer, en poste depuis 2020.
Ces déclarations interviennent alors que l’Ouganda est de plus en plus critiqué à l’international sur la façon dont le régime réprime l’opposition.
« Les Forces de défense du peuple de l’Ouganda ont, avec effet immédiat, suspendu toutes les activités de coopération militaire et de défense en cours avec la République fédérale d’Allemagne », a écrit sur X, un porte-parole de l’armée, Chris Magezi.
Il a précisé que la décision avait été prise après « des rapports crédibles des services de renseignement selon lesquels l’actuel ambassadeur allemand en Ouganda, son excellence Matthias Schauer, est activement engagé dans des activités subversives dans le pays ».
Selon M. Magezi, cette suspension « restera en vigueur jusqu’à la résolution complète du problème concernant l’implication de l’ambassadeur avec des forces hostiles pseudo-politico-militaires opérant dans le pays contre le gouvernement ougandais ».
L’ambassade d’Allemagne en Ouganda n’a pas réagi pour le moment.
Des liens de longue date
Selon les organisations de défense des droits humains, l’Ouganda réprime de plus en plus opposants et dissidents à l’approche de l’élection présidentielle, prévue en janvier 2026.
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Muhoozi Kainerugaba, fils et présumé héritier politique du président Yoweri Museveni au pouvoir depuis 1986, menace fréquemment et publiquement des membres de l’opposition. Egalement chef de l’armée ougandaise, il a récemment revendiqué avoir enlevé et torturé, dans sa cave, le chef de la sécurité du leader de l’opposition ougandaise, Bobi Wine.
« Nous avons quelques problèmes avec l’actuel ambassadeur allemand en Ouganda », a-t-il écrit, dimanche 25 mai, sur X. « Cela le concerne lui en tant que personne. Il n’est absolument pas qualifié pour être en Ouganda. Cela n’a rien à voir avec le grand peuple allemand. Que j’admire beaucoup ».
Durant cette rencontre, M. Schauer et d’autres diplomates ont critiqué les virulentes publications sur les réseaux sociaux de Muhoozi Kainerugaba, et Salim Saleh a promis de le « contenir », d’après les mêmes sources.
Les conséquences de la suspension de la coopération militaire restent peu claires pour l’instant. L’Allemagne et l’Ouganda entretiennent des liens de longue date, l’ambassade allemande parlant de « stabilité et confiance » quant à cette relation, sur son site internet.
Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont élevés l’an dernier à quelque 335 millions de dollars [295 millions d’euros], selon l’ambassade. L’Ouganda a principalement importé d’Allemagne « de la machinerie et des produits chimiques », d’après la même source.