l’ordre des médecins prend position contre, estimant que les « alertes ne peuvent être ignorées »

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Des manifestants brandissent des pancartes lors d’un rassemblement réunissant des scientifiques, des agriculteurs, des associations et des citoyens contre la loi Duplomb, près de l’Assemblée nationale, à Paris, le 27 mai 2025.

Alors que la pétition contre la loi Duplomb a dépassé lundi la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale, le Conseil national de l’ordre des médecins a pris position contre, affirmant que « les alertes ne peuvent être ignorées », dans un communiqué publié mercredi 30 juillet.

La loi doit permettre notamment la réintroduction sous conditions de l’acétamipride, un insecticide toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, interdit en France depuis 2018, mais autorisé ailleurs en Europe.

« Plusieurs organisations, dont la Ligue contre le cancer, ont alerté sur les risques sanitaires graves associés à cette substance. (…) Nous déplorons l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions réglementaires. Ce décalage compromet l’application effective du principe constitutionnel de précaution », écrit l’instance.

« Le doute n’est pas raisonnable »

« Sur le plan médical, nous affirmons que le doute n’est pas raisonnable lorsqu’il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs : troubles neurodéveloppementaux, cancers pédiatriques, maladies chroniques. Ces alertes ne peuvent être ignorées », poursuit-elle.

Dans une tribune publiée mardi dans Le Monde, des sociétés savantes et des associations de patients ont appelé le Conseil constitutionnel à rejeter le texte, très contesté. Ce dernier doit rendre « a priori » sa décision le 7 août.

Pour l’ordre des médecins, « la compétitivité agricole et les distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne ne doivent pas servir d’arguments pour relâcher notre vigilance en matière de protection de la biodiversité et de santé humaine », qui ajoute que « les difficultés réelles du monde agricole doivent trouver des réponses compatibles avec ces exigences fondamentales ».

L’instance s’engage ainsi à lancer une « réflexion » sur « les liens entre santé et environnement », qui associera « des médecins de terrain, des experts scientifiques, des agriculteurs, des élus politiques et des représentants des usagers de la santé », afin de « faire de la santé environnementale un pilier de la politique de santé publique ».

Le Monde avec AFP

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