

L’ONU a lancé, lundi 17 février, un appel pour lever 6 milliards de dollars (5,7 milliards d’euros) afin de fournir cette année une aide cruciale à la population du Soudan, pays ravagé depuis avril 2023 par une guerre civile, mais aussi aux millions de Soudanais ayant fui leur pays. L’objectif est de fournir une assistance à près de 26 millions de personnes, ont souligné, dans un appel commun, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« Le Soudan est une urgence humanitaire d’un niveau choquant », a déclaré le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, dans un communiqué. « La famine s’installe. Les violences sexuelles font rage. Des enfants sont tués ou blessés. La souffrance est épouvantable. » Les affrontements entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Hamdan Daglo, et l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, deux anciens alliés devenus rivaux, ont fait des dizaines de milliers de morts. Alors que l’armée contrôle l’est et le nord du Soudan, les paramilitaires maintiennent leur emprise sur la quasi-totalité du Darfour (Ouest), une vaste région où vivent un quart des 50 millions de Soudanais.
Les agences des Nations unies ont souligné que, depuis le début de la guerre civile, quelque 12 millions de personnes ont été déplacées, dont 3,5 millions ont fui le Soudan. Dans le même temps, près des deux tiers des habitants ont besoin d’une aide d’urgence, des régions entières étant confrontées à des conditions de famine. De telles conditions ont déjà été signalées dans au moins cinq zones au Soudan, y compris dans les camps de déplacés au Darfour et dans les monts Nouba (Sud), selon l’ONU. Et « on s’attend à ce que la faim catastrophique s’aggrave d’ici à mai, lorsque la période de soudure [entre deux récoltes] commencera », a averti Tom Fletcher.
Un conflit « horrible et insensé »
Compte tenu de cette situation désespérée, l’ONU a déclaré qu’elle lançait un appel pour lever 4,2 milliards de dollars (4 milliards d’euros) pour venir en aide à près de 21 millions de personnes à l’intérieur du Soudan. Tom Fletcher a insisté sur le fait que le plan de l’ONU fournirait « une aide vitale à des millions de personnes ». « Nous avons besoin de financements pour agir en faveur du peuple soudanais, ainsi que d’un meilleur accès par voie terrestre, maritime et aérienne à ceux qui ont besoin d’aide », a-t-il déclaré.
L’ONU a dit avoir également besoin de 1,8 milliard de dollars (1,7 milliard d’euros) pour soutenir 4,8 millions de personnes – à la fois des réfugiés soudanais et leurs communautés d’accueil – en Centrafrique, au Tchad, en Egypte, en Ethiopie, en Libye, au Soudan du Sud et en Ouganda. « Aujourd’hui, un tiers de la population entière du Soudan est déplacée », a déploré dans un communiqué le chef du HCR, Filippo Grandi, soulignant que « les conséquences de ce conflit horrible et insensé s’étendent bien au-delà des frontières du Soudan ».
L’ONU a averti que, sans financement immédiat, les deux tiers des enfants réfugiés seraient privés d’accès à l’éducation primaire, « menaçant une génération entière ». Et « jusqu’à 4,8 millions de réfugiés et [de] membres des communautés hôtes continueront de faire face à une grave insécurité alimentaire, avec au moins 1,8 million de personnes privées d’aide alimentaire », a-t-elle mis en garde, estimant que « les systèmes de santé, déjà sous tension, pourraient s’effondrer ».
L’année dernière, les organisations humanitaires ont reçu 1,8 milliard de dollars pour le Soudan (soit 66 % des 2,7 milliards demandés) et ont réussi à venir en aide à plus de 15,6 millions de personnes dans ce pays. Elles ont également fourni une aide alimentaire vitale à plus d’un million de personnes dans les Etats voisins, ainsi qu’une assistance médicale à un demi-million de personnes et des services de protection à plus de 800 000 personnes.