Logo barré par Camara, joueur absent… La journée de lutte contre l’homophobie en Ligue 1 peine encore à faire l’unanimité

4659


Le milieu monégasque Mohamed Camara lors du match contre Nantes au stade Louis-II, avec un patch en haut du maillot pour barrer le logo de la Ligue de football professionnel contre l’homophobie, le 19 mai 2024.

La Ligue de football professionnel (LFP) n’a, une fois de plus, pas réussi à trouver de consensus sur le sujet. Comme elle s’y est engagée depuis 2019, la LFP avait prévu, dimanche 19 mai, une opération de sensibilisation dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (17 mai), en marge de la dernière journée de Ligue de la saison. Après plusieurs éditions marquées par le refus de certains joueurs de porter le maillot floqué aux couleurs de l’arc-en-ciel, celle de dimanche a davantage été suivie mais a tout de même créé quelques remous.

Elle n’aurait même quasiment pas fait parler d’elle – ou du moins seulement pour les bonnes raisons – si Mohamed Camara, le milieu de l’AS Monaco, n’avait pas décidé d’en cacher l’un de ses signes les plus distinctifs, à savoir un badge où se trouvait barré en rouge le mot « homophobie », recouvert de bande adhésive blanche par le milieu malien, et un logo aux couleurs LGBT +, noirci.

Echaudée par plusieurs polémiques lors des dernières éditions, la Ligue avait décidé de revoir sa formule, en supprimant notamment le flocage arc-en-ciel des maillots. La nouvelle campagne, imaginée par la Ligue, mettait donc en avant, dimanche, ces deux patchs sur les maillots, et faisait apparaître les couleurs LGBT + sur les drapeaux de corner ou encore sur les panneaux LED de changement. Une manière pour la LFP de revoir sa copie alors que certains acteurs percevaient, à tort, cette journée comme une promotion de l’homosexualité.

Ces changements mis en œuvre par la Ligue n’ont pas entièrement convaincu, puisque les associations SOS Homophobie et PanamBoyz & Girlz, qui travaillaient jusque-là avec celle-ci sur cette journée de sensibilisation, se sont désolidarisées. En dépit de ces défections, la Ligue pourra se féliciter d’une forme d’avancée. En 2023, plusieurs joueurs – les trois Toulousains Moussa Diarra, Saïd Hamulic et Zakaria Aboukhlal, et le Nantais Mostafa Mohamed – avaient boycotté cette journée pour ne pas porter le maillot arc-en-ciel.

Une « discussion » prévue par Monaco avec Camara

Mais dimanche, l’attaquant égyptien des Canaris était une nouvelle fois absent du match perdu par Nantes à Monaco, et son club pourrait le sanctionner financièrement, comme la saison dernière. Lors de cette rencontre au stade Louis-II, c’est Mohamed Camara qui a déclenché la polémique. Le Malien, buteur sur penalty, avait décidé de cacher les deux logos imaginés par la LFP pour cette journée à l’aide de scotch. Avant le coup d’envoi, il n’a pas participé à la photo protocolaire d’avant-match, restant en retrait au bord du terrain.

« D’abord, je tiens à dire que nous, en tant que club, nous supportons l’opération organisée par la LFP, a réagi Adi Hütter, l’entraîneur monégasque, en conférence de presse. Pour sa part [à Mohamed Camara], c’est une initiative personnelle. Il y aura une discussion en interne avec lui à propos de cette situation. Je ne commenterai pas plus. »

Hors des terrains, Jimmy Briand, ancien joueur devenu consultant, a été épinglé par Rouge direct, qui lutte contre l’homophobie dans le monde du ballon rond, pour ses propos tenus sur Prime Video quant à l’absence de Mostafa Mohamed pour cette rencontre : « Il faut respecter. Chacun a le droit d’avoir ses convictions. C’est ça aussi le respect, c’est de respecter les gens qui ont d’autres convictions. »

« Vous diffusez un message d’apologie de l’homophobie ? C’est un délit », a réagi Rouge direct. Les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre sont ainsi passibles de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. A ce stade, la LFP n’aurait pas prévu de sanction à l’encontre de Camara et Mohamed.

Newsletter

« Paris 2024 »

« Le Monde » décrypte l’actualité et les enjeux des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

S’inscrire

« Un tel comportement doit faire l’objet des sanctions les plus fermes à la fois contre le joueur, mais aussi contre le club qui l’a laissé faire », a vivement réagi lundi la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera au micro de RTL.

Réutiliser ce contenu



Source link