L’offensive ukrainienne dans le sud de la Russie, une opération militaire qui s’inscrit dans le temps long

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Destruction d’un pont important dans la région russe de Koursk par l’armée ukrainienne, image diffusée le 18 août, par l’armée ukrainienne.

L’armée ukrainienne ralentit le rythme de sa progression en territoire russe, commencée le 6 août, mais consolide ses positions le long d’obstacles naturels. Kiev a affirmé, jeudi 22 août, s’être emparé d’un village russe supplémentaire dans la région de Koursk, et d’avoir fait des prisonniers. C’est ce qu’a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une visite à Soumy, à quelques kilomètres de la frontière et des combats. Auparavant, l’armée ukrainienne a assuré contrôler 1 263 kilomètres carrés et 93 localités, dont la ville de Soudja, petite localité russe située en zone frontalière.

Le gouverneur militaire de l’oblast de Soumy, Volodymyr Artioukh, a indiqué à M. Zelensky que le nombre de frappes d’artillerie transfrontalières et de victimes civiles avait diminué sur cette partie de territoire. Mais l’objectif stratégique n’est pas de former une zone tampon pour protéger Soumy. L’opération a permis à Kiev de démontrer que les forces armées ukrainiennes, acculées dans une posture défensive depuis près d’un an et reculant dans la région de Donetsk, pouvaient reprendre l’initiative et mener une offensive.

Sur le plan politique, l’opération place le président russe, Vladimir Poutine, dans une position inconfortable par rapport à sa population, tandis qu’à l’international le mythe de l’inviolabilité du territoire russe a été mis à mal. « Le concept naïf et illusoire de “ligne rouge” [brandi par] la Russie, qui a dominé l’évaluation de la guerre par certains partenaires, s’est effondré ces jours-ci, quelque part près de Soudja », revendiquait, lundi, M. Zelensky.

« Tenir une zone tampon défendable »

Si l’Ukraine espère tenir ce territoire assez longtemps pour en faire une monnaie d’échange, ses forces doivent, néanmoins, « se retrancher et devront tenir très longtemps, car Kiev n’a pas les moyens de contraindre la Russie à négocier selon son calendrier », juge Michael Kofman, l’un des analystes militaires les plus sagaces sur ce conflit, au micro du podcast « War on the Rocks ».

Pour contraindre la Russie à redéployer vers Koursk une partie de ses forces attaquant la région de Donetsk – principal objectif du Kremlin –, les troupes ukrainiennes « doivent tenir une zone tampon défendable qui ne leur demandera pas d’engager trop de forces, parce qu’elles sont déjà très sollicitées le long du front, et qu’il sera très difficile d’ajouter un front supplémentaire à Koursk, tout en tenant le reste. Et cela entraînera des coûts d’opportunité réels en 2025 », note l’expert américain, qui estime de 15 000 à 20 000 le nombre de militaires engagés dans l’offensive.

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