
Les autorités iraniennes ont annoncé, mercredi 22 octobre, « la libération conditionnelle » d’une ressortissante iranienne, Mahdieh Esfandiari, arrêtée en France en février pour avoir fait l’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Le Monde a pu confirmer, de sources concordantes, cette remise en liberté avec placement sous contrôle judiciaire, ordonnée par le tribunal correctionnel de Paris, contre l’avis du ministère public.
Le contrôle judiciaire l’oblige notamment à pointer au commissariat et lui interdit de quitter le territoire jusqu’au procès au fond, prévu du 13 au 16 janvier 2026.
Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères iranien s’est « félicité de la décision du juge français d’une mise en liberté sous contrôle judiciaire pour Mme Esfandiari ». Il « poursuivra ses efforts » jusqu’à ce qu’elle « puisse rentrer au pays ».
Mahdieh Esfandiari, 39 ans, est traductrice et diplômée de l’université de Lyon. Elle vivait en France depuis 2018 et avait été interpellée le 28 février, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en Iran. Elle a depuis été placée en détention provisoire et mise en cause en même temps que deux ressortissants français. Téhéran estime qu’elle est injustement détenue.
Préparer sa défense
Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de Mme Esfandiari, Me Nabil Boudi, a confirmé avoir obtenu mercredi auprès du tribunal correctionnel de Paris le placement sous contrôle judiciaire de sa cliente. Ce qui lui interdit de quitter le territoire français.
« Le procureur s’est rigoureusement opposé » à cette libération, évoquant « le risque de fuite, mais il n’a pas été suivi », a-t-il précisé. « Le tribunal a suivi notre démonstration et considéré que la détention provisoire avait été bien trop longue au regard des faits reprochés », a ajouté l’avocat. Mme Esfandiari ne s’est pas exprimée sur le fond des faits qui lui sont reprochés, et « attend avec impatience » d’être jugée pour pouvoir s’expliquer. « Nous sommes satisfaits, elle va enfin pouvoir préparer sa défense », a-t-il poursuivi.
Cette affaire sensible est mise en avant par l’Iran comme une possible monnaie d’échange quant au sort des otages français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran dans des conditions très difficiles depuis mai 2022. En théorie, il ne peut pourtant y avoir, en droit pénal français, d’« échange d’otages ». Le sort de Cécile Kohler et de Jacques Paris ne dépend pas uniquement de l’issue de cette audience, même si l’Iran cherche à établir un parallèle entre le sort des Français et le traitement réservé à cette femme.
Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris ont été inculpés en Iran notamment pour espionnage au profit des services de renseignement français et israélien ; des accusations réfutées par leurs proches.