L’Iran affirme son droit à « se défendre » après des frappes israéliennes sur des sites militaires

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Sur une base de l’armée israélienne, avant des frappes en Iran, le 26 octobre 2024.

Téhéran a affirmé, samedi 26 octobre, son droit à « se défendre » après les frappes menées par Israël contre des sites militaires iraniens. Pour la première fois, l’Etat hébreu a annoncé publiquement avoir bombardé des installations iraniennes de fabrication de missiles en Iran. L’Iran a fait état de « dégâts limités » et de quatre militaires tués.

« L’Iran a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense », a déclaré la diplomatie iranienne. Téhéran « n’hésitera pas à réagir de manière décisive et proportionnée à toute violation de son intégrité territoriale et de sa sécurité au moment opportun », a encore prévenu son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, assurant que sa détermination n’avait « pas de limites ».

Israël a aussitôt menacé l’Iran de lui faire « payer un prix élevé » s’il ripostait, alors que la communauté internationale a appelé à la retenue face au risque d’embrasement. Lors d’un appel téléphonique avec son homologue israélien, Yoav Gallant, le ministre de la défense américain, Lloyd Austin, a averti que « l’Iran ne devrait pas faire l’erreur de riposter », estimant qu’il existait actuellement « une occasion d’utiliser la diplomatie pour faire baisser la tension dans la région ».

« J’espère que c’est la fin [des frappes israéliennes] », avait déclaré plus tôt le président américain, Joe Biden.

Israël a justifié les bombardements par l’attaque menée contre son territoire le 1ᵉʳ octobre : l’Iran avait tiré quelque 200 missiles sur l’Etat hébreu pour venger la mort, le 27 septembre, du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et d’un général iranien, tués dans des frappes israéliennes près de Beyrouth, et celle, le 31 juillet à Téhéran, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël.

Le 13 avril, l’Iran avait déjà lancé des missiles et des drones contre l’Etat hébreu, la première attaque directe du genre, en riposte à une frappe attribuée à Israël qui a détruit le consulat iranien, à Damas. Un engrenage de violences qui semble sans fin depuis l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël et les représailles de l’Etat hébreu contre le mouvement islamiste armé palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban, deux formations soutenues par l’Iran.

Poursuite des frappes israéliennes au Liban

Selon l’armée iranienne, « des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan et d’Ilam » ont été ciblés, samedi, par Israël. « Grâce à notre défense aérienne, les attaques ont causé des dégâts limités et seuls certains systèmes radar ont été endommagés, a annoncé l’état-major des forces armées. Un nombre important de missiles ont été interceptés et les avions ennemis ont été empêchés d’entrer dans notre espace aérien. »

L’armée israélienne, quant à elle, a dit avoir « frappé des sites de fabrication de missiles (…) que l’Iran tire sur l’Etat d’Israël depuis un an », ainsi que « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens ». « Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7-Octobre sur plusieurs fronts », a-t-elle ajouté, en allusion au Hamas, au Hezbollah et aux rebelles yéménites houthistes. Avec ces frappes, l’armée israélienne a dit avoir « achevé la réponse aux attaques de l’Iran ».

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Selon des experts, l’objectif de la réponse israélienne était de démontrer les capacités offensives d’Israël tout en évitant l’escalade.

Dans le même temps, samedi, sur le front libanais, l’armée israélienne a fait état de « 80 projectiles » tirés par le Hezbollah depuis le Liban. Elle a poursuivi ses frappes sur le sud du Liban. L’agence de presse nationale libanaise ANI a rapporté, tôt dimanche, un raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, où l’armée israélienne avait conseillé aux résidents de deux quartiers de quitter leurs logements. Le Hezbollah a lui aussi appelé, samedi, à évacuer une dizaine de localités dans le nord d’Israël. Les troupes israéliennes sont engagées dans une offensive terrestre depuis le 30 septembre dans le sud du Liban avec l’objectif de neutraliser les combattants du mouvement libanais et de faire cesser les tirs de roquettes.

Des négociations au Qatar attendues dimanche

Après un an d’une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza où elle a affaibli le Hamas, l’armée israélienne a intensifié, depuis le 23 septembre, ses opérations au Liban en y menant des frappes meurtrières, principalement sur les fiefs du Hezbollah.

Mais elle n’a pas pour autant relâché la pression sur la bande de Gaza, soumise à des bombardements incessants et en proie à un désastre humanitaire. Le chef de l’Organisation mondiale de la santé a prévenu, samedi, que la situation était « catastrophique » dans le nord de l’enclave, avec « des opérations militaires intensives se déroulant dans et autour des établissements de santé ».

Tedros Adhanom Ghebreyesus a notamment évoqué la situation à l’hôpital Kamal-Adwan, dans le camp de Jabaliya, le dernier en fonctionnement dans le nord de Gaza, qui a été pris d’assaut par les forces israéliennes, vendredi, selon le ministère de la santé de l’enclave. L’ONG Médecins sans frontières a annoncé qu’un de ses chirurgiens qui travaillait dans cet hôpital avait disparu.

De nouvelles négociations sont attendues, dimanche, à Doha entre Israéliens, Américains et Qataris pour évoquer la possibilité d’une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre 2023 en Israël et emmenés dans le territoire palestinien lors de l’attaque du Hamas.

Le Monde avec AFP

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