L’intrusion d’un drone russe dans le ciel roumain fait craindre une « escalade » après un incident similaire en Pologne

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Un avion de chasse F-16 de l’armée de l’air roumaine lors d’opération de l’OTAN près de Siauliai (Lituanie), en mai 2023.

D’abord la Pologne, puis la Roumanie. Bucarest a convoqué, dimanche 14 septembre, l’ambassadeur de Russie pour dénoncer le vol d’un drone russe la veille dans son espace aérien, quelques jours après une intrusion spectaculaire d’aéronefs similaires dans le ciel polonais.

La Roumanie a fait part au chef de la représentation diplomatique russe, Vladimir Lipaïev, de « sa vive protestation » face à « cet acte inacceptable et irresponsable », a écrit, dans un communiqué, son ministère des affaires étrangères. Ce dernier a « instamment demandé à la partie russe de prendre toutes les mesures nécessaires » en vue d’éviter qu’une telle « violation de la souveraineté de la Roumanie » ne se reproduise.

La Roumanie avait signalé, samedi soir, qu’un drone Geran avait pénétré dans son espace aérien au cours d’une attaque russe contre des infrastructures de l’Ukraine voisine. Deux avions de combat roumains F-16 ont « détecté un drone dans l’espace aérien national » qui a survolé pendant environ 50 minutes l’est de la Roumanie, à partir du village de Chilia Veche, avant de repartir près de la ville de Pardina en direction de l’Ukraine, selon le ministère de la défense.

« Les pilotes ont reçu l’autorisation d’abattre la cible mais, au moment où ils ont eu un contact direct, ils ont évalué les risques collatéraux et ont décidé de ne pas ouvrir le feu. » Ils en avaient pourtant la possibilité depuis une loi votée en février par la Chambre haute du Parlement roumain qui permet d’abattre les drones violant les frontières. Les F-16 ont reçu l’aide de « deux avions Eurofighter Typhoon » allemands qui ont alors effectué une mission de surveillance, a ajouté le ministère.

Selon le communiqué, le drone n’a pas survolé de zones peuplées et n’a pas constitué une menace imminente pour la sécurité de la population. Mais, depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs fragments de drones se sont écrasés sur le sol roumain.

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Un « nouveau défi pour la sécurité »

Cette intrusion est « inacceptable », a réagi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui s’est, elle aussi, empressée de fustiger, dimanche, une « escalade imprudente » qui « menace la sécurité régionale ». Elle constitue « une nouvelle violation inacceptable de la souveraineté d’un partenaire proche au sein de l’UE et de l’OTAN », a déclaré dans la soirée, sur X, le ministre des affaires étrangères allemand, Johann Wadephul.

Dans la nuit de mardi à mercredi, déjà, 19 aéronefs sans pilote russes avaient fait une incursion dans le ciel polonais, la première du genre depuis le début de l’invasion par la Russie du territoire ukrainien en février 2022. Depuis, la Pologne est en état d’alerte, tout comme les Etats de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) entretenant une présence militaire sur son sol.

« De tels incidents récurrents contribuent à l’escalade et à l’amplification des menaces sur la sécurité régionale », a signalé le ministère roumain à l’ambassadeur russe. Le même communiqué souligne que la Roumanie, membre de l’OTAN et de l’Union européenne (UE), « reste en contact permanent avec ses alliés ». Bucarest avait auparavant qualifié l’incident de « nouveau défi pour la sécurité et la stabilité régionales dans la région de la mer Noire ».

La ministre des affaires étrangères roumaine, Toiu Oana, a annoncé qu’elle « soulèverait la question des actions de la Russie à l’Assemblée générale des Nations unies, en demandant instamment le strict respect des sanctions internationales ».

Donald Trump prêt à prendre de nouvelles sanctions

« Nous sommes prêts à enseigner à tous nos partenaires comment se défendre. Chacun voit bien que les Russes étudient les moyens d’apporter la guerre en Pologne et dans les Etats baltes. L’armée russe teste également la Roumanie », a, de son côté, commenté le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

« Bien sûr, l’OTAN dispose de missiles Patriot, d’autres systèmes et de puissants avions de chasse mais, en Ukraine, nous avons des solutions bien moins coûteuses, plus massives et plus systématiques contre les drones russes », a-t-il souligné.

Son homologue américain, Donald Trump, a, quant à lui, affirmé, samedi, être prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie à la condition que les pays de l’OTAN arrêtent d’acheter du pétrole russe. L’UE en a interdit depuis 2022 la plupart des importations en provenance de Russie mais l’oléoduc Droujba (« amitié » en russe) a été provisoirement exempté afin de laisser le temps aux Etats d’Europe centrale de trouver des solutions.

La Hongrie et la Slovaquie, toutes deux membres de l’UE, continuent de recevoir du pétrole russe via cet oléoduc, qui a été visé à plusieurs reprises par des frappes ukrainiennes, ces dernières semaines.

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Le Monde avec AFP

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