

En représailles à l’attentat meurtrier commis au Cachemire indien, le premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé mardi 6 mai que son pays allait « couper l’eau » des fleuves qui prennent leurs sources sur son territoire et irriguent en aval le Pakistan. « L’eau appartenant à l’Inde s’écoulait jusque-là vers l’extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l’Inde et sera utilisée pour le pays », a déclaré M. Modi lors d’un discours public.
L’Inde a suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec le Pakistan en représailles à l’attentat qui a fait 26 morts le 22 avril dans la ville touristique de Pahalgam, dans le Cachemire indien. Même si l’attaque n’a pas été revendiquée, New Delhi a mis en cause la responsabilité d’Islamabad, qui a catégoriquement démenti.
De leur côté, les Etats-Unis ont appelé mardi les deux pays à œuvrer à une « résolution responsable » de leur différend. « Nous continuons d’exhorter le Pakistan et l’Inde à travailler à une résolution responsable qui maintienne la paix à long terme et la stabilité régionale en Asie du Sud », a déclaré à la presse Tammy Bruce, porte-parole du département d’Etat. La porte-parole n’a pas commenté directement les propos de M. Modi, mais a assuré que les Etats-Unis restaient « engagés ». « Nous restons en contact avec les gouvernements des deux pays à plusieurs niveaux », a-t-elle affirmé.
Les deux pays sont sur le pied de guerre depuis cet attentat, le plus meurtrier visant des civils commis depuis plus de vingt ans dans la partie indienne de cette région à majorité musulmane. Soldats indiens et pakistanais échangent nuitamment depuis plus d’une semaine des tirs d’armes légères le long de la frontière qui sépare leurs pays.
« Un acte de guerre »
Mardi, Islamabad a accusé New Delhi de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous le contrôle d’Islamabad selon le traité de 1960. « On a remarqué des changements sur le Chenab qui n’ont rien de naturel (…), le débit du fleuve, normal, a été considérablement réduit du jour au lendemain », a déclaré à l’Agence France-Presse Kazim Pirzada, ministre de l’irrigation du Pendjab.
Après la décision indienne de suspendre unilatéralement le traité, le Pakistan a prévenu que toute tentative de perturber le débit des fleuves serait considérée comme « un acte de guerre ».
Située à la frontière de l’Inde, cette province, qui compte près de la moitié des 240 millions de Pakistanais, est le cœur agricole du pays. Le traité de l’Indus accorde à New Delhi le droit d’utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d’eau ou d’altérer le volume d’eau en aval.