l’impact social de la destruction des banques du Hezbollah par les frappes israéliennes

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Sur le site d’une frappe aérienne israélienne qui a visé une branche du groupe financier Al-Qard Al-Hassan, dans la ville méridionale de Sour (Liban), le 21 octobre 2024.

Un mois après les frappes israéliennes qui ont visé plusieurs branches d’Al-Qard Al-Hassan (le « prêt bienveillant », en arabe) dans la banlieue sud de Beyrouth, à Baalbek ou à Sour, le 20 octobre, Hussein (il n’a pas souhaité donner son nom de famille pour des raisons de sécurité) est sans nouvelles de l’institution de microcrédit gérée par le Hezbollah. Il a tenté, en vain, de joindre l’administration.

Employé de l’Etat, il avait déposé de l’or en garantie, et obtenu un prêt de 2 500 dollars (2 400 euros) pour aménager son logement, afin de se marier. Une somme perdue : l’habitation, à Jnah, un quartier populaire chiite à la lisière de la banlieue sud, a été lourdement endommagée lors d’un bombardement en octobre. Hussein n’est pas un militant du Hezbollah : il s’est tourné vers Al-Qard Al-Hassan, peu avant la guerre, car il ne pouvait pas obtenir de crédit bancaire : son salaire s’est effondré avec la faillite financière de 2019, et les banques n’octroient que de très rares prêts, à des clients privilégiés.

Le ciblage de l’organisme social du mouvement chiite a plongé dans l’incertitude des centaines de milliers de clients, débiteurs ou épargnants, en majorité issus de la communauté chiite. Le flou demeure sur ce qu’il est advenu des réserves de devises et d’or. Mohamed Afif, porte-parole du Hezbollah, tué dans un raid israélien à Beyrouth, le 17 novembre, avait assuré qu’Al-Qard Al-Hassan respecterait « ses engagements ». Un résident de Bint Jbeil, une localité située à la frontière libano-israélienne aujourd’hui désertée par les civils, affirme qu’il a observé l’agence locale être vidée, quelques jours après l’attaque par l’Etat hébreu de bipeurs et de talkies-walkies piégés de membres du Hezbollah, les 17 et 18 septembre. Il avait vu, dans cette évacuation, le signe que la guerre arrivait. Le 23 septembre, l’armée israélienne lançait son offensive au Liban.

Les frappes d’octobre ont nourri la psychose parmi les habitants installés à proximité des bureaux de la banque encore debout, à Beyrouth et en région, effrayés que ceux-ci puissent être visés. L’armée israélienne accuse Al-Qard Al-Hassan d’être impliquée « dans le financement des opérations terroristes du Hezbollah ». L’association est, depuis 2007, sous sanctions de Washington, qui l’accuse de blanchiment d’argent. Elle est enregistrée auprès des autorités libanaises, mais opère en dehors du circuit financier. Toutes les branches – une trentaine au total – sont fermées aujourd’hui.

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