L’humanisation des robots, entre progrès et arnaques

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Présentation du robot humanoïde Xiao Qi développé par Ex Robots, au Centre national des congrès de Pékin, le 3 septembre 2024.

Imaginez un robot humanoïde à visage humain, au sens propre et au sens figuré, à savoir un robot aussi vrai que nature, doté d’une peau bien vivante, elle. C’est la prouesse de chercheurs japonais, qui ont « cultivé » en laboratoire de la peau à partir de cellules vivantes, que l’on peut appliquer sur le « visage » d’un androïde, qui bénéficie ainsi de toute l’élasticité d’un épiderme humain pour reproduire des expressions faciales réalistes. Leurs travaux ont été publiés en juin dans la revue Cell Reports Physical Science. Ce tissu cutané réel de culture avec ligaments peut non seulement se déformer, mais aussi s’autocicatriser.

Le réalisme de l’épiderme des futurs robots humanoïdes, à défaut d’être en chair et en os, pourrait permettre d’être mieux acceptés par les humains… à moins que ceux-ci en soient plutôt effrayés. C’est ce que l’on appelle l’effet « vallée dérangeante » (« uncanny valley », en anglais), qui, en robotique et en animation, désigne la réaction émotionnelle négative des humains envers des robots ou des objets qui leur ressemblent presque, mais pas tout à fait.

La société chinoise Ex Robots, basée à Panjin (au nord-est de Pékin), développe des robots humanoïdes auxquels elle applique une peau en silicone qu’elle a brevetée. Celle-ci n’est donc pas naturelle, mais issue d’une composition chimique (polymère), ce qui donne tout de même une peau réaliste. Les robots de l’entreprise sont ainsi présentés comme pouvant « exprimer des émotions » et avoir des « réactions faciales ». Entre la mécatronique (l’alliance mécanique-électronique-informatique) de plus en plus poussée, des enveloppes cutanées à s’y méprendre et des cerveaux artificiels dopés à l’IA, la course aux androïdes de nouvelle génération est désormais bien réelle.

Assistance et déguisement

Mais gare aux plaisanteries ou aux arnaques ! Lors de sa journée We, Robot le 10 octobre à Los Angeles, le patron du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, a fièrement montré des prototypes de son robot humanoïde Optimus, censés être autonomes. A première vue, ils sont capables de servir à boire, de promener le chien ou de garder des enfants. Sauf qu’il y a eu tromperie : les modèles présentés étaient en réalité assistés à distance par des humains. Ex Robots aussi a dupé son monde : lors de la conférence mondiale de la robotique qui s’est tenue à Pékin du 21 au 27 août, la société chinoise a fait le buzz en bernant ses visiteurs avec des prétendus robots humanoïdes plus vrais que nature. Il s’agissait en fait de femmes déguisées en robots, mais leur allure était à s’y méprendre.

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