l’éviction de Choguel Maïga, épilogue d’un long divorce entre l’ex-premier ministre et la junte

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L’ex-premier ministre malien Choguel Maïga, à New York, en septembre 2021.

Le vernis civil du régime militaire malien a craqué. Quatre jours après s’être livré à une violente critique de la junte dirigée par le général Assimi Goïta, le premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été limogé, mercredi 20 novembre, avec son gouvernement. Nommé en juin 2021, au lendemain du deuxième coup d’Etat mené en moins d’un an par M. Goïta à Bamako, il a été remplacé jeudi par le général Abdoulaye Maïga, jusqu’ici ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Proche du général Goïta, celui-ci faisait figure de premier ministre bis face à un Choguel Maïga marginalisé depuis de long mois par les putschistes.

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Leurs relations n’ont cessé de se dégrader, jusqu’à atteindre un point de non-retour le samedi 16 novembre. Ce jour-là, à Bamako, face à ses partisans du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP, le mouvement à la pointe de la contestation populaire du printemps 2020 qui a précipité le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires), Choguel Maïga a dénoncé la décision « unilatérale » de la junte de prolonger la période de transition.

« Ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections [initialement prévues en février 2024] sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a-t-il tancé, affublé d’un treillis sable, lui qui, avant sa nomination à la tête de l’exécutif, avait maintes fois critiqué la militarisation du pouvoir. Dans la foulée, plusieurs organisations de la société civile pro-junte ont appelé à l’éviction de ce vieux routard de la politique malienne, plusieurs fois ministre et candidat à la magistrature suprême à trois reprises (2002, 2013 et 2018). Cela a finalement été chose faite mercredi soir, après que le conseil des ministres hebdomadaire a été reporté à la dernière minute.

Mais la junte n’a pas réduit son ancien allié au silence pour autant. « Certaines institutions de la transition se sont organisées pour cibler le premier ministre. Tout a été mis en œuvre pour l’affaiblir. Rien ne lui a été épargné ! Il fallait coûte que coûte l’éliminer politiquement », a-t-il dénoncé dans un message publié sur sa page Facebook dans la nuit de mercredi à jeudi. Un sens de la formule longtemps mis au service des putschistes, tant pour cibler la classe politique que la communauté internationale – à commencer par la France, qu’il avait accusée d’« abandon en plein vol » à la tribune des Nations unies en décembre 2021.

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