Les enfants maltraités, en particulier dans les institutions publiques ou religieuses, doivent bénéficier d’une reconnaissance officielle et de mesures de réparation, a plaidé vendredi 26 janvier le Conseil de l’Europe. Dans une résolution, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, (APCE) considère que les 46 Etats membres de l’institution doivent faire toute la lumière sur les actes de maltraitance envers les enfants, qu’il s’agisse de violences physiques, psychologiques, sexuelles ou encore d’adoptions forcées.
Elle préconise que chaque pays dresse un état des lieux des violences, reconnaisse les souffrances subies, présente des excuses officielles et indemnise les victimes. L’Assemblée appelle aussi à soutenir la création de lieux de mémoire.
Dans un rapport adopté vendredi, le Suisse Pierre-Alain Fridez (socialiste) souligne qu’en Europe, « 18 millions d’enfants sont victimes d’abus sexuels, 44 millions de violences physiques et 55 millions de violences psychologiques. Les cas les plus graves se sont produits et continuent de se produire au sein d’institutions publiques et religieuses ».
« Un problème paneuropéen »
Pierre-Alain Fridez a cité les 2 000 Réunionnais retirés à leurs parents et transférés de force vers l’Hexagone, en particulier dans la Creuse, entre 1962 et 1984, les victimes de violences physiques et psychologiques dans des maisons « mère-enfant » en Irlande, ou les quelque 15 000 enfants morts dans vingt-six « foyers-hôpitaux » en Roumanie selon l’Institut de recherche sur les crimes du communisme. « La maltraitance des enfants, passée ou actuelle, et le manque de perspective historique en la matière sont un problème paneuropéen », souligne-t-il.
Si ces victimes de violences ne sont pas toujours reconnues et indemnisées pour leur préjudice, le rapporteur a mis en avant la Suisse qui « fait figure de modèle en Europe », avec la formulation d’excuses publiques et le vote d’une loi − entrée en vigueur en 2017 − qui prévoit le versement d’une contribution de solidarité pour chaque victime maltraitée dans son enfance. Il espère que les Etats membres suivent cet exemple.
Basé à Strasbourg, le Conseil de l’Europe a pour principale mission la défense des droits humains, de la démocratie et de l’Etat de droit.