

Les rongeurs sont partout. Sur tous les continents, dans à peu près tous les écosystèmes, villes, campagnes, déserts, forêts équatoriales, neiges arctiques… Herbivores, carnivores ou omnivores, ils couvrent les terres du globe mais aussi ses sous-sols, ses marais, les arbres de ses forêts. Apparus il y a environ 50 millions d’années, ils n’ont cessé de se diversifier. L’ordre rassemble aujourd’hui plus de 40 % des quelque 6 500 espèces de mammifères connues.
Les raisons de ce succès pourraient bien tenir non pas à un cheveu mais à un ongle. C’est ce qu’affirment, dans une étude publiée le 4 septembre, dans la revue Science, des chercheurs brésiliens et américains. Selon eux, la lame de kératine de quelques millimètres de long dont la plupart des rongeurs disposent sur leur pouce ne constitue pas le vestige inutile d’une ancienne griffe, mais bien un caractère essentiel du groupe. Présent depuis l’origine, il aurait constitué l’instrument de sa réussite évolutive.
Tout est parti de l’observation de souris de laboratoire et d’écureuils sauvages. Les unes vivent sur le sol, les autres essentiellement dans les arbres. Pourtant, les deux rongeurs partagent deux caractéristiques : la capacité à utiliser leurs pattes avant pour tenir leurs aliments et ce petit ongle sur le dessus du pouce. « Et s’il existait ici une corrélation entre la fonction et la structure ? » s’interroge Rafaela Velloso Missagia, maîtresse de conférences à l’université de Sao Paulo, alors en postdoc au Field Museum de Chicago.
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