Les rapports contradictoires des jeunes adultes avec l’argent

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On les dit tantôt imprudents, tantôt sages financièrement ; angoissés mais optimistes ; aussi matérialistes que généreux ; attirés par les placements durables comme par les bitcoins. On s’étonne de voir ces « digital natives » retirer des espèces pour les ranger dans des enveloppes… Les comportements financiers des 18-30 ans et leurs paradoxes déroutent leurs aînés.

Que sait-on vraiment du rapport à l’argent de la génération Z ? La multiplicité des idées, parfois contradictoires, qui circulent témoigne d’une réalité complexe. Il faut se garder de voir cette génération comme un tout, rappelle la sociologue Hélène Ducourant, enseignante-chercheuse à l’université Gustave-Eiffel : « Les pratiques vis-à-vis de l’argent sont très marquées par les milieux sociaux. » Et comme toujours quand il est question d’une classe d’âge, difficile de distinguer ce qui relève de la jeunesse et de l’époque.

Ils ont TikTok pour gourou financier

C’est souvent sur les réseaux sociaux que les 18-30 ans entendent le plus parler d’argent. « On est tous sur Insta, appâtés par des mecs qui semblent avoir des vies incroyables, te disent “toi aussi t’en as marre d’être pauvre ?” et te vendent des pseudo-formations sur l’argent », raconte Honoré, 23 ans (les personnes interrogées ont souhaité rester anonymes). « J’en connais qui se sont fait avoir », déplore ce jeune Francilien. Si la prudence est requise, il ne faut pas avoir une vision réductrice du sujet : « Sur l’argent, les réseaux sociaux ne sont pas que porteurs d’arnaques et de conseils consuméristes, il y a des initiatives intéressantes », estime Mme Ducourant.

Les contenus se revendiquant de l’éducation économique, budgétaire et financière (Educfi) ont en effet essaimé sur TikTok, YouTube, Instagram, etc. Le phénomène est massif, avec des conseils « budget » (un monde assez féminin) et « investissement » au sens large (univers plus masculin). Par l’intermédiaire des influenceurs, les jeunes Français ont adopté des pratiques anglo-saxonnes : le cash stuffing (répartir des espèces dans des enveloppes pour gérer ses dépenses), le dollar cost averaging (acheter à une certaine fréquence le même montant d’un même actif, en Bourse), le 50/30/20 (allouer 50 % de ses revenus aux dépenses obligées, 30 % aux loisirs, 20 % à l’épargne), le no spend challenge (défi visant à supprimer les dépenses superflues).

« Il y a plein de méthodes sur YouTube et Insta, j’en ai essayé, je mets de côté pour partir en vacances avec des amis », témoigne Camille, 19 ans, en licence. « Sans YouTube, j’aurais tout placé sur un Livret A », lance Maël, étudiant en alternance de 22 ans, expliquant « investir chaque mois dans des EFT, des paniers d’actions ».

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