les pompiers « extrêmement vigilants » face à un risque accru par le réchauffement

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Des pompiers lors d’une présentation du système de lutte contre les incendies de forêt pour la saison estivale dans le département de l’Hérault, à Cabrières-d’Avignon, le 12 juillet 2024.

« Les gens ont tendance à confondre météo et climat », dit en soupirant le commandant Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Le temps pluvieux du printemps comme l’absence de vents forts ont, jusque-là, permis au pays de ne pas basculer dans une saison de violents incendies comme ceux qui avaient dévasté le Sud-Ouest, à l’été 2022. Pas question pour autant de baisser la garde, alors que la canicule semble s’installer.

Dans le sud-est de la France, habituellement touché par les feux de forêt estivaux, les effectifs de pompiers déjà déployés ont reçu le renfort de leurs collègues de l’est du pays, du Gers et du Lot, venus densifier le dispositif de lutte. De la Bretagne à l’Ile-de-France, en passant par l’Aquitaine ou le Grand-Est, les services de secours et d’incendie tentent de s’équiper pour faire face au risque accru de feux, souligné autant par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat que par Météo-France.

Le département de la Haute-Saône a ainsi fait l’acquisition de nouveaux camions de lutte contre les feux de forêt et, partout, les consignes de prévention, jusque-là concentrées dans les zones à risque comme la Corse ou les Bouches-du-Rhône, sont diffusées aux populations. « Vivre avec le dérèglement climatique, résume le commandant Brocardi, cela implique désormais des obligations pour tout le monde, comme l’éducation au risque ou le débroussaillage. Chaque citoyen doit devenir acteur de cette problématique, parce que c’est la réalité du monde dans lequel nous vivons. » A travers le territoire, entre quarante-quatre et cinquante et une « colonnes » se tiennent prêtes à intervenir, soit un total de 3 000 à 3 500 pompiers.

Jusqu’à présent pourtant, les apparences laissaient croire à un été relativement paisible sur le front incendiaire. Dans les Pyrénées-Orientales, du 1er janvier au 31 juillet, les départs de feu ont enregistré une baisse de 21 % par rapport à l’année 2023, passant de 659 à 519. La diminution des surfaces touchées par des incendies, elle aussi, est spectaculaire : 42 hectares contre 903 en 2023. Un effondrement en trompe-l’œil : en avril 2023, un seul feu y avait dévasté les 800 hectares entre l’anse de Peyrefite et Cerbère.

Aridité persistante

Les mises à feu malveillantes, elles, ont baissé de 32 %, passant de 136 à 92, peut-être le signe de l’efficacité du groupe local de traitement de la délinquance, un dispositif spécialement destiné au traitement des incendies d’origine criminelle, mis en œuvre par la préfecture et les services judiciaires, auxquels les pompiers fournissent non seulement leurs propres experts, mais aussi leurs statistiques complètes pour que la vision de la situation soit la plus fine possible. « Lorsqu’un feu est rapidement éteint, observe le colonel Eric Belgioïno, qui commande les pompiers des Pyrénées-Orientales, il passe sous les radars des services de sécurité. » Ce qui peut retarder ou obérer la compréhension précise des raisons de départ d’un feu.

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