« Les grandes entreprises technologiques se sont toujours montrées peu soucieuses de nuire aux personnes et de violer leurs droits »

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La Commission européenne a adopté en octobre 2023 une nouvelle feuille de route pour lutter contre le trafic de drogue et la criminalité organisée, l’une des menaces les plus graves pour la sécurité de l’Union européenne.

Pour des raisons évidentes, les responsables politiques de l’Union européenne (UE) n’ont pas invité les membres des cartels à participer à la conception et à l’élaboration de cette stratégie : demander l’avis des réseaux criminels n’aurait fait que faciliter la poursuite de leurs activités en toute impunité.

Mais lorsqu’il s’agit de réglementer la transformation numérique et l’intelligence artificielle (IA), qui présentent toutes deux une myriade de risques, les décideurs politiques font le contraire. Ils collaborent avec les grandes entreprises technologiques telles que Meta (Facebook), Alphabet (Google), Amazon, Apple et Microsoft, même si leurs dirigeants ont fait preuve d’une volonté effrontée de créer des outils dangereux et de nuire aux utilisateurs au nom de la maximisation des profits.

Menaces complexes

Par exemple, des « groupes de travail », des « groupes d’experts » et des « conseils consultatifs » nationaux, régionaux et internationaux comprenant des représentants des Big Tech préparent des propositions visant à réglementer la transformation numérique et l’intelligence artificielle. En outre, certaines initiatives et conférences sur ce sujet sont financées par les entreprises mêmes qu’elles visent à réglementer.

Les menaces posées par les systèmes numériques sont complexes et d’une grande portée. Les nouvelles technologies creusent considérablement les inégalités dans le monde, et les géants de la technologie sont devenus d’énormes consommateurs d’énergie, ce qui a de graves répercussions sur le changement climatique et l’environnement.

Les violations quasi constantes du droit à la vie privée, dues à l’absence de sécurité des données ou de protection contre la surveillance, sont peut-être les plus inquiétantes. La collecte de grandes quantités de données et leur vente au plus offrant sont une pratique courante dans l’industrie. En conséquence, les plates-formes numériques semblent nous connaître mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, et la vie en ligne est inondée de manipulations économiques et politiques.

En outre, il a déjà été démontré que la manipulation algorithmique et la désinformation menacent le bon fonctionnement de la démocratie. Avant l’élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis, par exemple, la société de conseil politique Cambridge Analytica a recueilli des informations sur pas moins de 87 millions d’utilisateurs de Facebook dans le but d’influencer les électeurs. L’entreprise et ses filiales avaient déjà, de la même manière, détourné des données pour tenter d’influencer le vote du Brexit au Royaume-Uni.

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