Ils ont des semblants de toit au-dessus de leurs têtes, certains travaillent, d’autres vivent de la mendicité. Du pourtour du périphérique parisien aux immeubles insalubres de Cayeux-sur-Mer (Hauts-de-France), Diane Grimonet témoigne depuis vingt-cinq ans de cette précarité française. Le travail au long cours de la photographe permet de documenter la diversité des évolutions du mal-logement.
C’est en 1997, à l’époque du grand mouvement des chômeurs, que la photographe a commencé à s’intéresser au problème. « Même un animal a un terrier, mais parfois l’humain n’en a pas. On ne peut pas faire sa vie sans logement, tout part de là : on a tous besoin de dormir correctement, d’avoir un espace à soi pour être disponible pour pouvoir travailler », constate-t-elle.
Diane Grimonet est physiquement proche des personnes qu’elle photographie, du fait de l’exiguïté des espaces dans lesquels elles vivent. Ses images partent toujours des dialogues et de liens qu’elle a tissés avec elles. « Les gens me demandent de montrer ce qu’ils vivent, raconte-t-elle. Il faut arrêter de penser à leur place, ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres que ce sont des abrutis. » Quand elle hésite à publier la photographie d’un bébé prise dans un appartement insalubre à Cayeux-sur-Mer, c’est la mère de l’enfant qui la convainc : « Tu es venue pour ça Diane, il faut que tu la montres. »
La photographe évoque une autre enfant, dans l’hôtel d’hébergement d’urgence où sa famille était logée, contrainte de faire ses devoirs dans l’escalier et d’y rallumer constamment la lumière à extinction automatique. « Comment voulez-vous qu’une enfant, même brillante, s’en sorte alors qu’elle doit travailler dans ces conditions, avec des parents trop occupés à sécuriser un logement, trouver de la nourriture et du travail ? », s’interroge Diane Grimonet, qui assume une démarche engagée. Le Monde revient sur six projets de la photographe ces vingt-cinq dernières années.
Les petites retraites de France (2018-2022)
Lauréate d’une bourse dans le cadre de la grande commande de la Bibliothèque nationale de France (« Radioscopie de la France »), Diane Grimonet a décidé de continuer son travail sur le mal-logement en mettant l’accent sur les retraités précaires. La crise du Covid-19 a agi comme un accélérateur de leur pauvreté. « Pendant ce reportage, j’ai entendu le même discours : “On ne peut plus se soigner, il faut faire plusieurs magasins pour pouvoir se nourrir, tout augmente depuis le Covid et à cela s’ajoute la guerre en Ukraine”, se souvient la photographe. Comment peut-on vivre avec 800 ou 1 000 euros par mois ? Certains travaillent souvent pour un salaire de misère, ils sont usés, fatigués et se sentent rejetés par la société. Leur vie professionnelle n’a déjà pas été facile, mais leur retraite s’apparente à un calvaire. »
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