
Du territoire des Afars et Issas à Zanzibar, en passant par Castellorizo, Hoï-Hao, Nossi-Bé, le condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides (devenu Vanuatu en 1980) ou l’Inini, voilà un catalogue de cotation des timbres qui fait voyager, à travers plus de 90 territoires marqués par l’empreinte de la France, du XIXe siècle à la période de la décolonisation et illustre la bonne santé de la philatélie.
Cent pages de plus que la précédente édition, parue en 2021, 15 euros de plus aussi… Le catalogue Yvert et Tellier Colonies françaises et bureaux français à l’étranger fait fort.
Le PDG des éditions Yvert et Tellier, Benoît Gervais, annonce ainsi une nouvelle « section entièrement dédiée aux bureaux [de poste] en Algérie » qui s’ajoute à une rubrique enrichie sur les bureaux français à l’étranger d’une trentaine de pages, illustrant les oblitérations spéciales utilisées avant 1860 sur les timbres français.
Nouveautés encore : trois pages sur les épreuves de luxe en Inde, aux cotes rondelettes, accompagnées de visuels inédits ; une refonte complète de la section Guadeloupe qui gagne une quinzaine de pages, avec l’ajout de nombreuses variétés et illustrations inédites ; enfin une mise à jour approfondie des « millésimes » de chaque pays. Ces chiffres particulièrement recherchés par les collectionneurs, indiquent « l’année dans laquelle un timbre a été émis ou imprimé. Certains millésimes ne sont pas imprimés sur le timbre, mais sur une marge de feuille, d’une façon conventionnelle ».
Enfin, les ex-colonies bénéficient d’une hausse quasi systématique (pour les séries « standards » et souvent pour leurs versions non dentelées), ce qui n’est pas étonnant, plus de trois ans s’étant écoulés depuis la précédente édition du catalogue. Mais attention : selon l’avertissement traditionnel, « cote » ne signifie pas « prix de vente ». Une cote donne une tendance, et constitue une base de négociation, d’estimation, comme en témoignent les prix réalisés dans les ventes, souvent bien inférieurs aux prix indiqués dans le catalogue… sauf pièces exceptionnelles ou de référence.
En témoignent les cotes des « grandes séries coloniales », à commencer par la première (1906-1907), quinze timbres « Palmiers », « Faidherbe » et « Noël-Eugène Ballay » : de 720 à 845 euros pour la Côte d’Ivoire d’une édition du catalogue à l’autre.

Les blocs et feuillets voient leurs valeurs fortement progresser pour leurs variétés d’impression, comme, par exemple, pour l’« Exposition internationale – Arts et techniques 1937 » (30 centimes violet) émis en Indochine, qui passe de 4 200 euros à 6 600 euros pour son « inscription renversée », ou en Martinique, sans légende « Martinique » (de 4 200 à 4 500 euros) ou inscription renversée (de 6 600 à 7 000 euros)… La variété « Inscription renversée » vaut au bloc du Dahomey, de passer d’un catalogue à l’autre de 2 600 à 3 750 euros (mis à prix à 800 euros dans la vente sur offres Roumet clôturée le 28 janvier).

Les 90 timbres de la série « Du Tchad au Rhin » (1946) totalisent 324 euros (au lieu de 274) et les sept timbres « Concorde » (1969) enregistrent un bon 403 euros (contre 304 euros en 2021).
Après une page rappelant les « critères de qualité » des timbres et un lexique philatélique bien pratiques, le catalogue référence d’abord les « émissions générales » des ex-colonies françaises, ces timbres « Aigle », ou à l’effigie de Napoléon III puis de Cérès, ou au type « Sage », en usage avant que les territoires aient leurs propres timbres.

Les six premiers numéros au type « Aigle » cumulent 665 euros de cote, contre 540 euros dans la précédente édition du catalogue paru à l’automne 2021. La maison Behr proposait dans sa vente sur offres clôturée le 16 janvier ces six valeurs (avec traces de charnières), en blocs de quatre, au prix de départ de 400 euros. Pour sa part, Marsanoux, à Lyon, a vendu en juin 2024 cette série de six, neufs avec trace de charnière, au prix de 78 euros (cote catalogue 340 euros, contre 316 euros pour l’édition précédente).

La Postale philatélie, dans sa vente du 11 février, met en vente à 500 euros un bloc de six (bas de feuille) du 10 centimes bistre-jaune, un timbre couché tenant à normaux. Le timbre isolé, neuf, sans charnière, est coté 80 euros (70 euros en 2021).
Par rapport au précédent catalogue, la hausse atteint facilement 10 % pour les types « Napoléon III », « Cérès » – le 2 centimes rouge-brun de 1872-1877 passant de 950 à 1 200 euros –, « Sage » et « Alphée Dubois » – compter 15 euros au lieu de 10 euros pour le 1 centime noir sur azuré, ou 125 euros contre 100 euros pour le 30 centimes brun de 1881.
Pour les timbres-taxe non dentelés (1884), le 1 franc noir gagne 190 euros pour atteindre 840 euros et la série de neuf timbres (1893-1908) passe de 111,50 euros à 130 euros.
Les « bureaux [de poste] français à l’étranger » sont reconnaissables aux oblitérations des timbres, donc ces derniers sont cotés oblitérés (détachés) ou sur lettres.
Défilent les bureaux d’Alexandrette (qui fonctionna de 1840 à 1914), à Volo (port de la Thessalie, en service de 1857 à 1881), en passant par Shanghaï (de 1862 à 1922) ou Galatz (Moldavie, de 1857 à 1875)…
La mise à jour des cotes concerne dans l’ordre (alphabétique) essentiellement Alexandrette, Alexandrie, la Chine, Mersina (pour les lettres), Volo…
Echappent à la hausse Beyrouth, Cavalle, Constantinople, la Crète, les Dardanelles, Dédéagh (même si le 40 centimes orange « Cérès » du siège de Paris de 1870-1871, sur lettre, est à 22 000 euros), Enos, Galatz, etc.
Le type « Sage » est désormais référencé pour Yokohama (Japon). Apparaît en outre une rubrique « Tripoli de Barbarie (Libye) » où sont cotés des types « Sage », « Blanc », « Mouchon », « Semeuse »…
Pour Salonique, on constate quelques réajustements à la baisse pour quelques timbres sur lettres, comme le 1 centime vert-olive « Napoléon », Empire lauré, qui passe de 1 200 à 300 euros (il reste à 80 euros oblitéré, détaché), tout comme Sinope, où le reflux touche les timbres détachés.
On enchaîne avec les Afars et Issas. « En 1896, ce territoire devint une colonie française sous l’appellation Côte française des Somalis, avant de devenir un territoire d’outre-mer et de prendre l’appellation en 1967 de Territoire français des Afars et des Issas, tout en gardant des timbres particuliers. En 1977, le pays accéda à l’indépendance sous le nom de République de Djibouti. »
C’est ainsi que la première série de cinq timbres légendés « Territoire français des Afars et des Issas » est parue en 1967 ; elle était cotée 72 euros en 2021, pour atteindre 80 euros dans l’édition 2025 du catalogue Yvert et Tellier.
Les territoires défilent, avec leurs cotes réajustées à la hausse : Alaouites, Alexandrie, Allemagne (occupation française, avec une variété d’impression pour le bloc Croix-Rouge de Rhénanie-Palatinat de 1949, « gris manquant », à 8 000 euros), Anjouan, Annam et Tonkin, Cameroun, Canton, etc.
Pour les Comores, la série de 1950-1952 (onze valeurs) grappille 4,50 euros pour atteindre 27 euros.
Belle progression pour les blocs-feuillets du Grand Liban. Des épreuves d’artistes en noir font leur apparition pour l’Inde (150 à 200 euros). Les premiers timbres de Madagascar font preuve d’un certain dynamisme (en particulier les feuillets non dentelés de 1891).
Pour le Maroc, la mise à jour des cotes va bon train comme ces 313 euros de la série de 17 valeurs du protectorat français (1914-1921) ou les quatre timbres de poste aérienne de 1952, à 1 480 euros, soit une hausse de près de 20 %.
La Nouvelle-Calédonie référence désormais la feuille entière du 10 centimes gris-noir « Triquérat » à 30 000 euros, ce qui reste moins cher que ce timbre sur lettre « locale » à 31 500 euros…
Pour le Togo, l’épreuve de luxe (1954) du timbre de poste aérienne « Route à travers la forêt », gagne 350 euros, à 1 250 euros.
Pour s’en tenir à quelques valeurs « phares » des ex-colonies françaises :

– Algérie, poste aérienne, 5 centimes rouge, surcharge renversée, 1 050 euros (contre 800 euros dans la précédente édition du catalogue) ; avec double surcharge, 1 250 euros (contre 900 euros). La Postale philatélie en met en vente dans sa vente sur offres clôturée le 11 février aux prix de départ respectifs de 500 et 600 euros.

– Bénin (1892), type « Alphée Dubois », 30 centimes brun surchargé « Bénin » en rouge, 2 900 euros (contre 2 800 pour l’édition précédente), dont un exemplaire est proposé dans la vente Roumet du 28 janvier au prix de départ de 650 euros.

– Chine, bureau français, type « Sage » (1901) surcharge rouge « Chine » 4 cents sur 25 centimes noir sur rose, 1 450 euros avec charnière (contre 1 400 euros). Roumet vend un 16 cents, surchargé en noir, sur 25 centimes noir sur rose, de la même série, oblitéré sur petit fragment à partir de 2 000 euros, pour une cote de 9 000 euros.

– Cilicie – (« territoire turc d’Asie mineure situé au nord-ouest de la Syrie, face à Chype (…). Les alliés ayant décidé, en décembre 1919, de confier l’administration de la Cilicie à la France, les timbres français d’occupation surchargés en piastres furent mis en cours (…). La Cilicie a été évacuée en novembre 1921 et utilise depuis les timbvres de Turquie ») –, poste aérienne au type « Merson », 5 piastres surchargé sur 40 centimes rouge et bleu, coté 13 000 euros (12 500 euros en 2021). La Postale en met un en vente au prix de départ de 6 000 euros.

– Congo, timbres pour colis postaux, 10 centimes noir sur bleu, paire tête-bêche, le timbre avec charnière passe de 1 700 à 1 750 euros. Prix de départ chez La Postale philatélie de 680 euros.

– Côte des Somalis, 1894, n° 5 au catalogue coté 5 250 euros (pleine gomme), 5 francs rouge surchargé « Djibouti », vendu 700 euros aux enchères, chez David Feldman, en Suisse, en novembre 2024.

– Fezzan, timbre de 1943, 50 francs surchargé sur 75 centimes violet et rouge, coté 12 000 euros (cote inchangée). Prix de départ de 4 200 euros chez La Postale philatélie le 11 février.

– Guadeloupe, timbre-taxe de 1876, 40 centimes noir, 4 200 euros en 2025 (4 000 dans la précédente édition). Prix de départ de 1 200 euros pour un timbre bord de feuille chez La Postale philatélie.

– Jérusalem (bureau consulaire français, 1948), La Postale philatélie propose une paire composée d’un 10 francs orange et vert de poste aérienne tenant à 6 francs orange et vert, « 15 paires émises », selon le vendeur, mise à prix 6 500 euros, pour une cote Yvert et Tellier 2025 de 15 750 euros (15 000 euros en 2021).

A l’unité, le 6 francs orange et vert est coté 5 650 euros (contre 4 100 précédemment), le 20 m (millièmes) jaune-orange et brun-rouge 715 euros (contre 590 euros). Le Timbre classique, à Paris, a vendu en novembre 2024 un bloc de quatre du 20 millièmes, avec coin daté du 20 novembre 1936, à 612 euros.

– Kouang-Tchéou, 4 centimes orange « Bayon d’Angkor » (timbre d’Indochine de 1931-1939 surchargé en 1942-1944), surcharge renversée, coté 400 euros (325 dans l’édition précédente), en vente au prix de départ de 140 euros chez La Postale philatélie.

– Madagascar, un des timbres vedettes de la France libre, le 20 francs « Chef sakalave » surchargé « FRANCE LIBRE » (1942), est coté 1 890 euros. Il a atteint 527 euros dans une vente sur offres organisée par Le Timbre classique en novembre 2024.

– Mayotte, 10 centimes surchargé sur 40 centimes, type « Sage » (1912), variété double surcharge, 875 euros (contre 800 euros), la paire millésimée étant cotée 4 500 euros. La Postale philatélie en met une paire en vente au prix de départ de 1900 euros.

– Au rang des curiosités, Roumet met en vente à 600 euros un timbre de Pakhoï (1919), Beihai aujourd’hui, un portrait de Cambodgienne, avec surcharge renversée imprimée au verso 20 cents sur 50 cents (cote 2 100 euros).

– Le premier timbre-poste de La Réunion (n° 1, 15 centimes noir sur azuré, type III, belles marges) de 1852, adjugé à son prix de départ, à 19 000 euros, chez Roumet, en septembre 2024, est en vente au prix de départ de 26 000 euros chez La Postale philatélie, pour une cote Yvert de 48 000 euros (46 000 euros dans l’édition précédente). A noter que Marsanoux, à Lyon, a vendu en juin 2024 une série complète oblitérée des cinq premiers timbres-taxe de La Réunion (1889) pour 53 euros (cote catalogue 210 euros).

– Togo, « Occupation militaire », timbre du Togo allemand de 1900 surchargé (à l’envers) « Togo/Anglo-French/Occupation », 2 marks bleu (type I), cote 17 350 euros (16 500 euros en 2021). La Postale philatélie en vend un, avec bord de feuille et croix de repère, à partir de 10 000 euros.

– Zanzibar, bureau français (1894-1896), type « Sage », 20 annas surchargé sur 2 francs bistre sur azuré, surcharge erronée « ZANZIBAS » tenant à un timbre normal, 1 150 euros la paire (le timbre « normal » cote 106 euros, 80 euros dans l’édition précédente du catalogue). La Postale philatélie en met à prix un bloc de quatre, à 420 euros.

David Feldman avait vendu en novembre 2024 un 2 ½ annas lilas pâle (n° 38, type I, de 1897, coté 5 775 euros), oblitéré sur fragment, pour 2 800 euros, et un autre, mais au type III, coté 6 750 euros, plus recherché, à 6 500 euros.
« Colonies françaises et bureaux français à l’étranger », catalogue mondial de cotation Yvert et Tellier. Edition 2025. Format 21 x 29 cm, 864 pages, 74,90 euros (plus 7 euros de frais d’envoi). Disponible en version papier ou numérique, dans la bibliothèque en ligne Yvert et Tellier. En vente en librairies, en magasins spécialisés et sur le site de l’éditeur. Par correspondance : Yvert et Tellier, 2, rue de l’Etoile, CS 79013, 80094 Amiens Cedex 3. Tél. : 03-22-71-71-71.

Le catalogue de A (Afars et Issas) à Z (Zanzibar)
Ce volume contient les émissions suivantes :
Colonies françaises (émissions générales, France libre), Afars et Issas (Territoire français des), Afrique équatoriale, Afrique occidentale française, Ain-Tab, Alaouites, Alexandrette, Alexandrie, Algérie, Allemagne, Anjouan, Annam et Tonkin, Arad, Bade, Bénin, Bureaux français à l’étranger (BFE), Bureaux français en Algérie, Cambodge, Cameroun, Canton, Castellorizo, Cavalle, Chine, Cilicie, Cochinchine, Comores, Congo, Côte-d’Ivoire, Côte des Somalis, Crète, Dahomey, Dédéagh, Diégo-Suarez, Fezzan, Gabon, Ghadamès, Grande Comore, Grand Liban, Guadeloupe, Guinée, Guyane, Haut-Sénégal et Niger, Haute-Volta, Hedjaz, Hoï-Hao, Hongrie, Inde, Indochine, Inini, Jérusalem, Kouang-Tchéou, Lattaquié, Levant, Liban, Madagascar, Majunga, Maroc, Martinique, Mauritanie, Mayotte, Memel, Mohéli, Mong-Tzeu, Moyen Congo, Niger (Territ. du), Nossi-Bé, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides, Obock, Océanie, Oubangui, Pakhoï, Port-Lagos, Port-Saïd, La Réunion, Rhéno-Palatin (Etat), Rouad (Ile), Sainte-Marie-de-Madagascar, Saint-Pierre-et-Miquelon, Sarre, Sénégal, Sénégambie et Niger, Soudan, Syrie, Tahiti, Tchad, Tchong-K’ing, Togo, Tunisie, Vathy, Wallis et Futuna, Wurtemberg, Yunnanfou, Zanzibar.