

Sandrine Lévêque est professeure à Sciences Po Lille et spécialiste en sociologie du genre et de la féminisation de la vie politique. Pour le 80e anniversaire de la première participation des Françaises à un scrutin, à l’occasion des élections municipales du 29 avril 1945, elle analyse les mutations du rapport au vote des femmes – participation, orientation politique en comparaison avec celle des hommes…
Comment le vote des femmes a-t-il évolué depuis leur première participation, le 29 avril 1945 pour les élections municipales ? Y a-t-il eu des moments de rupture ?
A partir de la différence de participation électorale entre les hommes et les femmes et de leurs choix politiques, on discerne trois périodes. De 1945 jusqu’aux années 1970, les femmes votent moins que les hommes et, lorsqu’elles le font, elles donnent leurs voix à des partis conservateurs. Puis, entre les années 1970 et 1980, leur participation électorale se rapproche de celle des hommes, tout comme leur choix. A partir des années 1980, la participation féminine, dans des milieux plus éduqués, dépasse celle des hommes et s’oriente vers des partis plus à gauche. Certains politistes prétendent même que François Mitterrand [président de la République entre 1981 et 1995] aurait été élu grâce à cela. Aux élections présidentielles de 2017 et de 2022, les jeunes femmes ont davantage voté pour le candidat « insoumis » Jean-Luc Mélenchon. Mais il n’y a pas toutefois de rupture nette, ces évolutions accompagnent des changements sociétaux, comme le déclin de la foi catholique chez les femmes entraînant une baisse du vote conservateur, ou la hausse du salariat féminin qui conduit à un vote plus à gauche.
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