« Les entreprises américaines n’ont pas attendu la guerre pour se désinvestir du débat public autour du climat et de la diversité »

4289


« Le wokisme doit mourir », déclarait durant l’été 2023 le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, acteur principal de la guerre culturelle qui déchire les Etats-Unis. Au lendemain du caucus de l’Iowa, l’avenir du candidat à la primaire républicaine est incertain, mais il aura remporté son combat politique, la défaite idéologique de la gauche progressiste. L’offensive conservatrice est facilitée par la guerre entre Israël et le Hamas qui divise le camp démocrate entre Afro-Américains et wokes d’un côté, et la communauté juive de l’autre.

Les entreprises américaines, elles, n’ont pas attendu la guerre pour se désinvestir du débat public, dans lequel elles s’étaient pourtant massivement engagées après la sortie de Donald Trump des accords de Paris sur le climat en 2017 et dans la foulée des mouvements Metoo (2017) et Black Lives Matter (2020), une ère qui semble bien révolue.

Visées politiques contre échecs commerciaux

Ne dites plus DEI (diversité, équité, inclusion), car c’est agacer la moitié de vos salariés. Ne parlez plus de critères ESG (environnementaux, sociaux et de genre), c’est prendre le risque de vous brouiller avec vos actionnaires, avec les Etats républicains et avec vos clients. Le nombre d’entreprises utilisant le sigle « ESG » dans la présentation de leurs résultats trimestriels a été divisé par 2,5 en deux ans, selon le Wall Street Journal. Les entreprises capitulent parce qu’elles y oubliaient leur mission assignée par feu Milton Friedman : faire des profits.

Le cas le plus connu est Disney, qui, à force de poursuivre des visées politiques, multipliait les échecs commerciaux. « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif numéro un. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’[envoyer] des messages », a fini par reconnaître, fin novembre, son patron, Bob Iger. La dernière offensive vise Boeing, qui connaît des défaillances industrielles répétées et qui avait ajouté en 2022 à la rémunération de ses dirigeants des critères climatiques et DEI. « Voulez-vous voler dans un avion où ils ont donné la priorité à l’embauche de DEI plutôt qu’à votre sécurité ? Cela se produit réellement. Des gens mourront à cause du DEI », a accusé le milliardaire Elon Musk, qui a basculé vers l’extrême droite et estime qu’il s’agit « d’un autre mot pour dire “racisme” ».

L’offensive est facilitée par l’arrêt de la Cour suprême qui, en 2023, a interdit la discrimination positive pour le recrutement des universités, tandis que les procureurs généraux d’Etat républicains ont mis en garde les grandes entreprises contre le fait de « traiter les gens différemment en raison de la couleur de leur peau, même à des fins bénignes ».

Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link