
Des DRH en équilibre précaire. Sur trois sujets au cœur de l’actualité – un dialogue social réformé et dégradé par les ordonnances Macron de 2017, la question migratoire liée à la sous-traitance des entreprises, une transparence des salaires à la fois espoir de progrès et source de conflits –, le rôle des responsables des ressources humaines est plus que jamais une recherche de stabilité pour maintenir la cohésion sociale au sein d’organisations animées par des salariés déçus, en colère ou résignés. C’est ce qu’illustrent les ouvrages nommés pour l’édition 2025 du prix Penser le travail, dont le lauréat doit être dévoilé, mercredi 1er octobre, dans l’auditorium du Monde.
Le prix Penser le travail, cofondé par Sciences Po et Le Monde, est, comme chaque année depuis vingt-cinq ans, l’aboutissement d’un an de lectures croisées entre étudiants, professeurs, DRH et journalistes. Quelque 60 essais, manuels, enquêtes et autres témoignages sur le monde du travail produits en 2024 ont ainsi été soumis, depuis janvier, au master RH et gouvernance durable de Sciences Po, qui a effectué une présélection, puis les ouvrages ont été mis en débat durant l’été avec cinq responsables des ressources humaines, deux journalistes du Monde et deux professeurs de Sciences Po, sur six critères : la nouveauté du sujet, la qualité de l’argumentation, le fondement scientifique, la lisibilité, l’apport à la réflexion et, enfin, la pertinence pour l’action, à laquelle les DRH sont particulièrement attentifs.
Les trois finalistes de l’édition 2025 sont : La Frustration salariale. A quoi servent les primes ? (Sorbonne Université Presses), de la sociologue Elise Penalva-Icher ; Le Travail migrant, l’autre délocalisation, du sociologue Daniel Veron (La Dispute) ; Le Dialogue social sous contrôle, coordonné par le politologue Baptiste Giraud et le sociologue Jérôme Pélisse (PUF/La Vie des idées).
Diagnostic sévère
Chaque livre met en lumière, sur son thème, les dégâts provoqués par l’évolution des politiques de management : les frustrations produites par les politiques de rémunération, l’instrumentalisation de la migration transformée en processus de vulnérabilisation économique, la subordination croissante de la négociation collective aux impératifs économiques des entreprises, réduisant le dialogue social au silence.
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