Les dernières avancées spatiales de la Corée du Nord s’appuieraient sur une assistance technique russe

2227


La retranmission dans une gare de Séoul du lancement de la fusée et de son satellite de reconnaissance Malligyong-1-1, le 28 mai 2024. Quelques minutes après l’appareil a explosé en raison d’un problème de moteur présumé.

L’échec, lundi 27 mai, du lancement d’un satellite par la Corée du Nord pourrait, en creux, confirmer les spéculations sur l’assistance russe au programme spatial militaire du régime de Pyongyang, en échange de la fourniture à Moscou d’obus et de missiles, et en violation du régime de sanctions imposées par l’ONU.

Lancé depuis le pas de tir de Sohae dans la région de Phyongan du Nord (nord-ouest) pour placer en orbite un satellite espion Malligyong-1-1, le lanceur a explosé deux minutes après le décollage et ses débris sont tombés en mer Jaune. Citée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA, une analyse « préliminaire » par l’Administration nationale de la technologie aérospatiale (NATA) attribue l’accident « à la fiabilité du fonctionnement du moteur à oxygène liquide pétrole nouvellement développé ».

L’emploi du terme « nouvellement » indiquerait, selon les spécialistes, la présence de techniciens russes aux côtés de leurs homologues nord-coréens. « La Corée du Nord a peut-être essayé de passer d’une hydrazine hautement corrosive, toxique et explosive à un système de carburant plus stable », analyse Hong Min, de l’Institut coréen pour l’unification (KINU), à Séoul. Elle aurait utilisé du kérosène, à l’instar de ce que font les Américains mais aussi les Russes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Corée du Nord-Russie, un rapprochement préoccupant

En 2023, Pyongyang a échoué dans ses deux premiers lancements en raison de défaillance de son moteur Baektusan fonctionnant à l’hydrazine. Il a finalement réussi à mettre en orbite un satellite espion en novembre – qui fonctionnerait par intermittence –, un succès qui avait déjà posé la question d’un éventuel rôle joué par Moscou.

Livraisons d’armement

Les premières interrogations quant à une intervention technique russe au côté de la Corée du Nord remontent à la visite en Russie du leader Kim Jong-un, en septembre 2023. A l’époque, le choix de Vladimir Poutine de recevoir son homologue sur le site du tout nouveau cosmodrome Vostotchny, dans l’Extrême-Orient, avait été interprété comme un signal en ce sens.

Le dirigeant nord-coréen avait eu droit à des explications sur le fonctionnement des nouveaux lanceurs Angara et des fusées Soyouz-2. Interrogé sur une éventuelle aide russe pour le lancement de satellites nord-coréens, M. Poutine avait répondu : « C’est pour ça que nous sommes ici. Le dirigeant de la Corée du Nord montre un grand intérêt dans la technologie des fusées. Ils essaient de développer leur programme spatial. »

Le chef du Kremlin s’était montré beaucoup plus évasif sur la question d’une coopération militaire. « Nous discuterons de tout », avait-il éludé, alors que les pistes de coopération entre les deux pays ne se limitent de fait pas au domaine militaire. Il est par exemple question de fourniture de pétrole par la Russie ou de l’utilisation par Moscou de travailleurs nord-coréens dépêchés en Russie par Pyongyang – là aussi en violation des sanctions internationales imposées au régime nord-coréen. Le dirigeant russe est à son tour attendu en Corée du Nord, à une date encore inconnue.

Il vous reste 46.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link