
Comme la finance, la politique est parfois affaire d’opportunité. L’opposition démocrate à Donald Trump a en tout cas trouvé un nouvel angle d’attaque après l’annonce par le président d’une pause dans la guerre commerciale : elle le soupçonne d’avoir manipulé les marchés boursiers américains, et d’avoir ainsi favorisé des délits d’initié.
Le sénateur Adam Schiff a écrit jeudi 10 avril au directeur par intérim du Bureau pour l’éthique gouvernementale (Office of government ethics, OGE), une agence fédérale indépendante, et à Susan Wiles, la cheffe de cabinet de la Maison blanche, pour leur demander d’ouvrir une enquête « urgente » afin de déterminer si « le président Trump, sa famille ou d’autres membres de l’administration » ont commis la veille des délits d’initié en profitant d’informations confidentielles sur le revirement de sa politique commerciale.
« Qui savait ce que le président allait faire ? Et des gens dans l’entourage du président ont-ils échangé des actions en étant informé des mouvements incroyables qu’allait connaître le marché ? », s’est interrogé l’élu de Californie, en évoquant le danger d’un « délit d’initié au sein de la Maison blanche et de l’administration ».
Coïncidence : le directeur de l’OGE ayant été limogé par Donald Trump en février, le poste est occupé à titre provisoire par Jamieson Greer, le représentant américain pour le commerce extérieur, qui comparaissait mercredi devant une commission de la Chambre des représentants. « S’agit-il d’une manipulation de marché ? », lui a demandé l’élu démocrate Steven Horsford. « Non », a-t-il répondu. « Nous essayons de redéfinir le système commercial mondial. »
Spectaculaire retournement de tendance
Politiques, professionnels de la finance et commentateurs décortiquent désormais minute par minute le déroulé de la séance boursière du 9 avril. A 09 h 37, heure de Washington, mercredi, soit sept minutes après l’ouverture des marchés financiers américains, le compte de Donald Trump sur son réseau Truth Social proclamait : « C’EST UN SUPER MOMENT POUR ACHETER ! ! ! ». A 13 h 18, un autre message annonçait la « pause » de 90 jours durant laquelle les droits de douane réciproques américains seront limités à 10 %, sauf pour la Chine. Alors qu’il avait pris soin le 2 avril d’attendre la clôture des marchés pour annoncer la hausse des droits de douane, lors du « Liberation Day ».
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