Ce sera le chantier majeur du prochain ministre de l’éducation nationale, quel qu’il soit. Malgré une amélioration par rapport à la session 2023, les concours de recrutement d’enseignants 2024 sont à nouveau déficitaires de plus de 3 000 postes, preuve d’une attractivité du métier d’enseignant toujours en berne.
Selon les résultats définitifs publiés lundi 8 juillet par le ministère, 1 163 postes n’ont pas été pourvus dans le premier degré public (contre 1 227 en 2023), concentrés dans les académies en crise, Créteil, Versailles, Mayotte et la Guyane, qui sont désormais structurellement déficitaires. Dans les deux académies franciliennes, les plus grosses du pays, il manquait, à l’issue du concours externe, 48 % des postes à Versailles et 39 % à Créteil, des carences qui n’ont pu être que partiellement comblées par l’organisation de concours supplémentaires.
Dans les vingt-sept autres académies, qui, elles, font le plein, le ministère a autorisé le recrutement sur listes complémentaires là où elles ont pu être constituées. « Recourir aux listes complémentaires démontre que, même dans les académies qui ne sont pas déficitaires, la situation est tendue », remarque Guislaine David, secrétaire général du SNuipp-FSU. Dans un communiqué publié début juin, le syndicat avait dénoncé une « érosion massive (…) imputable au gouvernement actuel ».
Hausse en trompe-l’œil
Dans le second degré, l’agrégation, si elle continue à mieux recruter que les autres concours, voit son taux de couverture baisser (94 % contre 95,7 % en 2023). La situation s’améliore en revanche pour le Capes externe public, principale voie de recrutement des professeurs de collège et de lycée, mais 12,4 % des places, soit 635 postes, restent encore en souffrance, contre 17 % en 2023. Les différences sont nettes entre les matières qui pourvoient tous leurs postes, comme l’histoire-géographie ou les sciences de la vie et de la terre, et les disciplines en crise, au premier rang desquelles figurent les mathématiques (20 % de postes non pourvus), l’allemand (54,5 %), les lettres modernes (11 %) ou encore les lettres classiques (36 %).
Dans ces deux dernières disciplines, le ministère souligne une nette amélioration du taux de couverture ; hausse toutefois en trompe-l’œil du fait d’une baisse du nombre de postes offerts (698 en 2024 contre 755 en lettres modernes, et 90 contre 134 en lettres classiques).
Ces déficits désormais structurels sont d’autant plus préjudiciables cette année que les groupes de besoin en français et en mathématiques qui doivent se mettre en place à la rentrée au collège, sauf contre-ordre à la suite des élections législatives, nécessitent des postes supplémentaires. Le ministère avait concédé dès le mois de janvier qu’ils seraient couverts grâce à des heures supplémentaires et au recrutement de contractuels.
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