Le bilan des combats dans le nord de la Syrie, où une coalition de groupes rebelles dirigée par les islamistes a lancé une offensive majeure, s’est alourdi à 514 morts, dont 92 civils, a annoncé, lundi 2 décembre, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Parmi ces morts figurent 268 combattants du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham et des factions rebelles alliées, 154 soldats et combattants pro-gouvernementaux et 92 civils, a précisé l’ONG.
Dimanche, l’OSDH avait déclaré qu’Alep, la deuxième ville de Syrie, avait échappé au contrôle du régime de Bachar Al-Assad, quatre jours après le début d’une offensive éclair menée par une coalition de groupes hostiles au régime, emmenée par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir Al-Cham (Organisation de libération du Levant). En riposte, des avions syriens et russes ont bombardé des secteurs tenus par ces groupes dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, et dans celle voisine d’Alep.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « alarmé par la récente escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie », a appelé lundi à une « cessation immédiate des hostilités », a déclaré son porte-parole. « Toutes les parties doivent faire leur possible pour protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris permettre le passage en toute sécurité des civils qui fuient les hostilités », a ajouté Stéphane Dujarric.
« Nous attendons de tous les pays qu’ils utilisent leur pouvoir – et leur influence – pour œuvrer à une désescalade, [à] la protection des civils et, à terme, [à] faire avancer le processus politique », a déclaré de son côté, devant la presse, Matthew Miller, le porte-parole du département d’Etat américain.
Près de 50 000 personnes déplacées
Au 30 novembre, plus de 48 500 personnes avaient été déplacées à Idleb et dans le nord d’Alep, dont plus de la moitié d’enfants, soit « une forte augmentation en comparaison aux 14 000 personnes » recensées le 28 novembre, a dit, lundi, le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), soulignant une situation très évolutive et « inquiétante », selon son patron, Tom Fletcher. « Des dizaines de milliers de personnes sont en train de se déplacer », a-t-il commenté, sur la plateforme X. « Des services critiques interrompus ; des femmes, des hommes et des enfants craignant pour leur sécurité », a-t-il ajouté.
Les opérations humanitaires de l’ONU et de ses partenaires ont dû être « largement suspendues » dans certaines zones d’Alep, d’Idleb et de Hama, a précisé Stéphane Dujarric, notant l’impossibilité d’accéder notamment aux entrepôts où l’aide humanitaire est stockée, mais qui assure que l’ONU est déterminée à rester sur place pour assurer sa mission d’assistance humanitaire. Il s’est également inquiété de l’aggravation de la situation sanitaire, notamment « en raison de la présence de corps non enterrés et du manque d’eau potable ».
A Alep, les rebelles ont pris des bâtiments gouvernementaux, des prisons, l’aéroport international et un aérodrome militaire « sans rencontrer de résistance significative », selon l’OSDH. Plus au sud, les rebelles ont bombardé lundi avec des lance-roquettes la ville de Hama, contrôlée par le gouvernement, où six civils ont été tués, selon cette ONG basée au Royaume-Uni.
Dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, M. Assad a déclaré que « l’escalade terroriste » visait à « tenter de morceler la région, d’effriter ses Etats et de redessiner la carte régionale conformément aux intérêts et objectifs de l’Amérique et de l’Occident ».
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M. Assad, appuyé par l’Iran et la Russie, a cherché à obtenir le soutien de ses alliés. Selon le Kremlin, le président russe, Vladimir Poutine, et M. Pezeshkian ont affirmé leur soutien « inconditionnel » à M. Assad et appelé à une coordination avec la Turquie, qui soutient des groupes rebelles.
Civils kurdes évacués
Par ailleurs, des Kurdes syriens fuyant l’assaut de groupes armés soutenus par Ankara sur leur enclave ont commencé lundi à gagner des secteurs plus sûrs, a annoncé un responsable local. Des groupes proturcs avaient annoncé dimanche avoir pris la ville stratégique de Tal Rifaat dans le nord de la Syrie, proche de la frontière turque, qui était aux mains des forces kurdes.
« Un petit groupe de personnes est arrivé à Al-Tabqa. Les autres personnes déplacées arriveront successivement dans les heures qui viennent », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), Farhad Shami. Il a précisé qu’un convoi d’environ 200 véhicules se dirigeait vers cette ville tenue par les Kurdes.
Mazloum Abdi, le chef des FDS, a signalé que « l’armée syrienne et ses alliés se sont retirés » du secteur face à l’offensive rebelle, ce qui a facilité la prise de la ville par les groupes proturcs. Il a ajouté que ses forces avaient tenté sans succès « d’établir un corridor humanitaire » entre la région et les zones contrôlées par les FDS pour permettre l’évacuation des civils et empêcher « des massacres ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, environ 200 000 Kurdes syriens s’y sont retrouvés encerclés.