Le rappeur Lomepal, visé par trois plaintes pour viol, a annoncé vendredi 24 janvier que l’enquête préliminaire le concernant avait été classée. Le parquet de Paris a estimé que les faits n’avaient pas pu être « clairement établis » au cours des investigations, a par ailleurs appris l’Agence France-Presse (AFP) de source proche du dossier.
« Je reprends ma vie », a écrit le rappeur de 33 ans sur Instagram, répétant « être innocent ». « Il y a eu des mois et des mois d’enquête de police. J’ai donné tous les éléments que j’ai pu retrouver de l’époque. Des messages, des photos, des relevés d’appel, des screens sur les réseaux… » « Toute ma vie a été fouillée », a insisté celui qui était défendu par les avocates pénalistes Jacqueline Laffont-Haik et Julie Benedetti.
Les investigations avaient été lancées après le dépôt, en 2020, de la plainte d’une connaissance du rappeur, qui l’accuse de l’avoir violée en 2017 à New York. Une deuxième femme avait déposé une plainte à la fin de 2023, dénonçant des faits de viol en 2018 en France.
Le conseil de cette dernière, Sacha Ghozlan, a déclaré à l’AFP vendredi envisager de déposer une nouvelle plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile, afin de relancer les investigations en obtenant la saisine d’un juge d’instruction. « Le parquet ne dit pas que l’infraction n’a pas eu lieu, mais que les faits sont anciens et qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments pour renvoyer devant une juridiction de jugement », a-t-il relevé.
« Toute l’industrie musicale est au courant »
Lomepal, de son vrai nom Antoine Valentinelli, avait été confronté aux deux plaignantes à la fin de février 2024, en garde à vue. Une troisième femme avait ensuite porté plainte en mai 2024 et ses accusations avaient été jointes à l’enquête préliminaire.
L’affaire avait commencé à prendre une certaine ampleur à l’été 2023. Le 19 juillet, la rédactrice en chef du média en ligne Joly Môme, Jenna Boulmedais, avait révélé sur Instagram entendre depuis deux ans « des témoignages de femmes ayant subi les gestes déplacés et non désirés » de Lomepal. « Toute l’industrie musicale est au courant. Ce silence n’est littéralement plus possible ; voir son nom en tête d’affiche de nombreux festivals également », avait-elle avancé.
Reconnu pour son style et ses textes sentimentaux qui lui ont longtemps valu l’étiquette de « rap rose », Lomepal a creusé son sillon sur une scène rap très hétéroclite, en collaborant avec des poids lourds comme Nekfeu, Orelsan et Roméo Elvis. En 2017, son premier album, Flip, fait de lui une star. Vient un an plus tard Jeannine, mélancolique hommage à sa grand-mère. Son dernier, Mauvais ordre, est sorti en 2022.
Sur le volet pénal, l’univers du rap français a récemment été marqué par plusieurs affaires de violences sexuelles, au fort retentissement médiatique. Le rappeur marseillais Naps doit être jugé par la cour criminelle départementale de Paris, soupçonné d’avoir violé une jeune femme pendant son sommeil à l’automne 2021. L’artiste de 33 ans fait aussi l’objet d’une enquête encore en cours, mis en examen en août pour viols et agressions sexuelles sur trois femmes. Il nie en bloc.
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De son côté, Moha La Squale, 29 ans et dont le premier album Bendero avait été disque d’or en 2018, avait été mis en cause pour viol et agression sexuelle dans une information judiciaire, mais a finalement bénéficié d’un non-lieu en mars 2024. L’ex-star, Mohamed Bellahmed pour l’état civil, a par ailleurs été condamnée au début de juillet par le tribunal correctionnel de Paris à quatre ans d’emprisonnement, dont un avec sursis, pour des violences conjugales, séquestrations et menaces de mort envers six anciennes compagnes.