l’Eglise doit mieux sanctionner les auteurs et aider les victimes, selon un rapport du Vatican

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Le Vatican a publié, mardi 29 octobre, un premier rapport très attendu sur la protection des mineurs dans l’Eglise. Les auteurs y préconisent d’accélérer la mise à l’écart des auteurs, d’améliorer l’accès des victimes à « la vérité » et de mieux former les personnes chargées de les accompagner.

Présenté comme une « première étape », ce premier rapport annuel de la commission pontificale pour la protection des mineurs, organe consultatif créé en 2014 par le pape François, ne recense pas les cas d’agressions sexuelles dans l’Eglise. Mais il évalue les procédures en place pour faciliter les signalements, recueillir la parole des victimes et les accompagner, et sanctionner les auteurs.

En avril 2022, le chef des catholiques (1,4 milliard de personnes) avait demandé à la commission ce rapport afin d’avoir une information « fiable sur ce qui se passe et ce qui doit changer ». Les membres de la commission, nommés directement par le pape, sont des experts religieux et laïcs dans divers domaines liés à la protection des personnes, notamment le droit, l’éducation, la psychologie, la psychiatrie ou les droits humains.

« Vérité, justice, réparations et réformes institutionnelles devraient servir de point de référence et de fondement à notre travail », a estimé dans ce rapport le président de la commission, le cardinal Sean O’Malley, qui reconnaît toutefois qu’« apporter reconnaissance et réparations à la crise des violences [sexuelles] dans l’Eglise est difficile ».

Accélérer « les procédures de démission »

Après avoir consulté responsables et fidèles sur plusieurs continents, la commission constate que la priorité porte sur la demande des victimes d’avoir « accès à la vérité ». L’Eglise doit « étudier des mesures qui garantissent à toute personne le droit à l’information », en particulier « sur les circonstances et les responsabilités ». La victime doit par exemple savoir ce qu’est devenu son agresseur, si elle ne risque pas de le rencontrer dans sa paroisse locale, à la messe ou au catéchisme. A cette fin, la commission suggère d’envisager la création d’une fonction de médiateur. Elle promeut aussi une « définition plus uniforme de la vulnérabilité » en tirant les leçons des témoignages des victimes.

Dans le cadre de ses auditions, une victime s’est déclarée stupéfaite que « la partie la moins éprouvante de tout ce processus ait été l’agression » : « La chose vraiment terrible, c’est quand tu oses dénoncer, à ce moment-là le monde commence à s’effondrer sur toi. »

Sans entrer dans le détail, la commission juge nécessaire d’accélérer « les procédures de démission » des responsables ecclésiastiques mis en cause dans des affaires de pédocriminalité. Elle ne précise pas si ce processus doit intervenir en cas de soupçons et de dénonciation ou à l’issue d’un processus judiciaire – canonique ou civil –, se contentant d’ajouter : « Lorsque c’est justifié. »

Tous ces efforts, souligne-t-elle, se heurtent aux grandes disparités de perceptions culturelles dans les sociétés, au sein même de l’institution, aux entraves ou carences administratives, au manque de formation… Dans certaines parties du monde, la question des agressions sexuelles au sein de l’Eglise a émergé « il y a plus d’une génération », tandis que dans d’autres « il y a seulement une dizaine d’années ». Dans d’autres encore, « le sujet n’a pas encore intégré le débat public ».

Fortes inégalités de moyens dans le monde

La commission constate par exemple pour l’Afrique que « la culture de la protection est un concept nouveau, qui exige sensibilisation, information, formation et développement de compétences ». Tandis qu’au Mexique « des barrières culturelles significatives » se dressent face à l’impératif de signaler les violences sexuelles et ainsi « constituent une claire entrave au processus de justice ». En Europe même, déplore le rapport, « dans plusieurs endroits on note une absence persistante de statistiques fiables sur les violences » sexuelles dans l’Eglise locale.

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Constatant par ailleurs les fortes inégalités de moyens d’un continent à l’autre, elle souligne « l’urgence d’accroître la solidarité » interne afin d’allouer des ressources adéquates aux pays qui en manquent en Amérique centrale et du Sud, en Afrique et en Asie, et ce afin de permettre la création de centres d’accueil et d’écoute des victimes et de financer la formation en matière de prévention des violences sexuelles.

Depuis son élection en 2013, François a multiplié les mesures contre le fléau des violences sexuelles : levée du secret pontifical, obligation de signalement de tout soupçon et de toute tentative de couverture par la hiérarchie, remaniement des sanctions pénales…

Mais des associations de victimes estiment que les actions concrètes restent insuffisantes et déplorent que le clergé ne soit pas obligé de dénoncer d’éventuels crimes auprès de la justice civile, sauf si les lois du pays l’y obligent. Le secret de la confession demeure en outre absolu.

Le Monde avec AFP

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