« L’Eglise catholique aurait-elle peur des phénomènes surnaturels ? »

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A Lourdes, sur les quelque 7 000 dossiers déposés depuis un siècle et demi, une commission canonique vient de conduire l’Eglise à reconnaître, le 8 décembre, un 71e miracle attribué à l’intercession de la Vierge Marie – l’ancien soldat britannique John Traynor, grièvement blessé durant la première guerre mondiale, ayant retrouvé l’usage de ses muscles après s’être baigné dans la piscine du sanctuaire, en 1923.

Dans ces cas extrêmement rares de « miracles reconnus », l’Eglise, assistée d’experts scientifiques, certifie qu’une guérison est aussi incontestable qu’inexplicable. Ces miracles de guérison répondent à certains critères : la guérison doit être imprévue, instantanée, complète, durable et sans explication connue.

Pour les autres « phénomènes surnaturels », l’Eglise se montre plus prudente encore. Le 17 mai, le dicastère pour la doctrine de la foi de l’Eglise catholique publiait ainsi de nouvelles « Normes procédurales pour le discernement de phénomènes surnaturels présumés ». Il s’agissait essentiellement d’aider les prêtres et les évêques à se prononcer devant certaines manifestations invraisemblables ou déroutantes, mais capables d’attirer les foules (visions, stigmatisations, extases…).

Escroqueries mystiques

Le Vatican a toujours fait montre d’une grande prudence vis-à-vis de ces « phénomènes », dans la mesure où l’inévitable engouement populaire qui les entoure en fait un terrain de jeu idéal pour faux prophètes et charlatans avides d’abus spirituels, de gloriole religieuse ou d’argent frais. Et, eu égard au nombre d’affabulateurs et de simulateurs qui ont voulu exercer leur emprise sur des âmes en mal d’espérance au cours de l’histoire, l’Eglise fait bien d’y regarder à deux fois. Les débuts du XXIe siècle ont d’ailleurs été marqués par la chute pour escroquerie mystique de plusieurs figures vénérées par des foules, voire par des prélats (lire ainsi Impostures mystiques, de Joachim Bouflet, Cerf, 2023).

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