Le Vatican était au courant des agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre depuis des années, selon le pape François

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Le pape François, à Singapour, le 12 septembre 2024.

Le Vatican était au courant depuis des années de la conduite de l’abbé Pierre, aujourd’hui accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, dont des mineures, a révélé le pape François de retour de son long périple en Asie, vendredi 13 septembre. « Je ne sais pas quand le Vatican l’a appris. Je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas ici [il a été élu en 2013], et ça ne m’est pas venu à l’esprit d’effectuer une recherche sur cela. Mais certainement, après la mort [de l’abbé Pierre, en 2007], c’est sûr. Mais avant, je ne sais pas », a répondu le chef de l’Eglise catholique à une question du Monde lors d’une conférence de presse, dans l’avion reliant Singapour à Rome après douze jours de voyage en Asie. « L’abus sexuel des enfants et des mineurs est un crime ! C’est une honte ! », a condamné le souverain pontife, alors que la plus jeune victime connue de l’abbé Pierre avait 8 ans au moment des faits.

Le pape a par ailleurs appelé à l’ouverture sur le sujet, approuvant implicitement le travail d’enquête mené à l’initiative de l’organisation Emmaüs, à l’origine des révélations sur les agressions commises par son fondateur. « On doit être clairs sur ces faits, ne pas dissimuler : le travail contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire », a-t-il affirmé. Avant de lancer : « Je suis heureux quand ces cas sortent. »

Le pape s’exprimait pour la première fois depuis les révélations d’Emmaüs, qui, après les premiers témoignages recueillis par Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), avait commandé une enquête au cabinet indépendant Egaé. Le résultat, publié le 17 juillet, dévoilait des agressions sexuelles répétées de l’ancien résistant, devenu député et défenseur des pauvres au lendemain de la seconde guerre mondiale. La plupart des victimes étaient des salariées ou des bénévoles d’Emmaüs, qui rapportaient des attouchements et des baisers forcés, entre 1970 et 2005, soit deux ans avant sa mort, à 94 ans. L’une d’entre elles avait 16 ans.

La plus jeune victime avait 8 ans

La publication de ce premier rapport a convaincu d’autres victimes de témoigner. Le 6 septembre, Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont publié une nouvelle note révélant des faits plus nombreux et plus graves : la plus jeune victime avait 8 ans. Un cas de fellation forcée est aussi rapporté, un viol aux yeux de la loi française.

Les premiers témoignages remontent à 1956, posant la question de l’omerta qui régnait autour de l’abbé Pierre. « Les évêques informés et les responsables d’Emmaüs ont étouffé les affaires », écrivaient les quatre chercheurs de l’équipe de recherche sociohistorique de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), dans une tribune publiée dans Le Monde le 20 juillet, après la publication de l’enquête Egaé.

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